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Scandale des œufs contaminés au Fipronil: le procès a débuté ce matin à Anvers, 7 patrons d'entreprise sont jugés

Après celle des Pays-Bas, la justice belge examine ce jeudi les responsabilités dans le scandale des œufs contaminés au Fipronil, un insecticide dont l'usage abusif dans des élevages de poules avait ébranlé la filière avicole européenne en 2017.

Sept responsables d'entreprises basées en Belgique, soupçonnés d'avoir importé, vendu ou utilisé des produits désinfectants frauduleusement enrichis au Fipronil, doivent comparaître devant le tribunal d'Anvers.

Quatre sociétés sont également jugées en tant que personnes morales, face à une trentaine de parties civiles --dont 21 exploitations avicoles belges-- réclamant des dommages et intérêts. Les pertes pour le secteur se sont chiffrées en dizaines de millions d'euros.

Le procès, qui s'est ouvert à 9H00, devrait se prolonger les 23 et 30 avril. Le jugement est attendu dans environ deux mois, selon une source proche du dossier. Le tribunal correctionnel d'Anvers a requis jeudi des peines de prison allant jusqu'à quatre années et des amendes à l'encontre des différents prévenus impliqués.

Accusés d'avoir bâti une "organisation criminelle"

Autorisé pour combattre poux et acariens chez les chiens ou les chats, l'usage du Fipronil est interdit dans l'UE pour nettoyer les bâtiments d'élevage car l'antiparasitaire risque de se retrouver sur des animaux destinés à la chaîne alimentaire. Le risque de résidus, même faibles, doit être exclu pour protéger la santé humaine.

Ce procès est le premier grand rendez-vous judiciaire en Belgique dans une affaire qui trouve son origine de part et d'autre de la frontière belgo-néerlandaise.

Des entrepreneurs des deux pays sont accusés d'avoir bâti "une organisation criminelle" pour écouler dans les élevages de poules un soi-disant produit miracle contre l'ennemi déclaré, à savoir le pou rouge.

Plus de 77 millions d'œufs ont dû être détruits et 1,6 million de poules tuées, rien qu'en Belgique

Résultat: un scandale d'ampleur mondiale. La crise sanitaire qui éclate à l'été 2017 touche la quasi totalité de l'Europe et des aliments suspects (œufs ou produits à base d'œufs potentiellement contaminés) sont même identifiés à Hong Kong.

"Rien qu'en Belgique, plus de 77 millions d'œufs ont dû être détruits" et "1,6 million de poules pondeuses tuées", déplore l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), qui s'est portée partie civile.

Si aucun consommateur n'a été malade, "l'impact a été colossal sur la perception des entreprises du secteur", a déclaré à l'AFP Stéphanie Maquoi, porte-parole de l'Afsca.

Deux entrepreneurs condamnés à de la prison ferme aux Pays-Bas

Aux Pays-Bas, un tribunal a condamné le 12 avril deux entrepreneurs de 28 et 35 ans à un an de prison ferme pour avoir trompé toute une filière.

Il s'agit des propriétaires des firmes néerlandaises de désinfection Chickfriend et Chickclean, rapidement montrées du doigt dans l'enquête conjointe belgo-néerlandaise. Interpellés en août 2017, les deux dirigeants avaient effectué deux mois de détention provisoire.

Le jugement de tribunal de Zwolle (centre) à leur encontre est cinglant: ils sont coupables d'avoir "sciemment désinfecté des centaines de poulaillers" avec un produit "interdit et nocif", contenant du Fipronil, mettant en péril la santé et causant d'"énormes dégâts économiques".

Les têtes pensantes aux Pays-Bas et en Belgique

"Les têtes pensantes qui ont organisé cette fraude sont aux Pays-Bas et en Belgique", confirme la source proche du dossier.

Les Belges jugés à Anvers sont soupçonnés d'avoir écoulé ou permis l'utilisation du même produit que les Néerlandais, dénommé "Dega-16" et présenté comme entièrement naturel.

Les acheteurs ont été abusés par des étiquettes mensongères, dénoncent les parties civiles.

D'autres produits en question

Outre le Fipronil, il sera question au procès de désinfectants mélangés avec de l'amitraze, substance chimique également "importée sans autorisation de Roumanie", selon l'accusation.

En Belgique, l'enquête a démarré en juin 2017 après un signalement de produits suspects à l'Afsca.

Une usine de transformation d'œufs pour l'industrie agroalimentaire venait de découvrir sur certains échantillons des résidus anormalement élevés de Fipronil.

Les enquêteurs ont pu remonter jusqu'au fournisseur, une exploitation avicole également située en Flandre (nord néerlandophone), où l'usage du produit "Dega-16" a été identifié.

Rappels massifs

Le 20 juillet, les autorités belges avaient prévenu tous les Etats membres de l'UE, via le système d'alerte européen, du risque de distribution d'œufs contaminés, conduisant à des rappels massifs de produits alimentaires.

Le scandale avait touché tous les pays de l'UE sauf la Croatie, la Lituanie et le Portugal.

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