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Tchèques: le cas Babis porté devant le nouveau parquet européen

(Belga) Le conflit d'intérêts dont est accusé le Premier ministre tchèque, le milliardaire Andrej Babis, en tant que responsable politique et homme d'affaires, a été porté devant le nouveau parquet européen qui a commencé à travailler le 1er juin, a annoncé jeudi un procureur de Prague.

Des rapports "sur deux sujets ont été envoyés au nouveau parquet" européen, a déclaré à l'AFP, en réponse à une question, le procureur de Prague Boris Havel sans fournir de détails. Le parquet européen, chargé de lutter contre la fraude, surveillera notamment l'utilisation des 750 milliards d'euros du plan de relance qui doivent être distribués pour aider les pays de l'Union européenne à faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Dans un rapport d'audit rendu public en avril, la Commission européenne avait estimé que le double rôle de M. Babis en tant que Premier ministre et propriétaire de la holding tchèque Agrofert (agroalimentaire, chimie, médias), qui lui a permis de bâtir sa fortune, s'apparentait à un conflit d'intérêts. M. Babis, cinquième fortune tchèque, a nié toute malversation. Il avait affirmé avoir transféré Agrofert à deux fonds fiduciaires en février 2017, lorsqu'il était ministre des Finances, pour se conformer à une loi anti-corruption taillée sur mesure à son intention et baptisée "Loi Babis". Mais des documents accessibles au public montrent qu'il est toujours le véritable propriétaire d'Agrofert. La Commission européenne est arrivée à la même conclusion, soulignant que M. Babis exerçait "une influence décisive sur les fonds fiduciaires". "Les sociétés du groupe n'auraient pas dû recevoir de subventions", avait estimé la Commission. Toutes les aides et subventions accordées après février 2017, date à laquelle M. Babis a transféré la propriété d'Agrofert aux fonds fiduciaires, sont considérées comme irrégulières, selon elle. Le rapport préconisait une correction financière de 100% des dépenses déclarées pour toutes les subventions accordées à Agrofert après 2017. M. Babis a également été confronté jeudi à une motion de défiance, déposée par l'opposition pour son conflit d'intérêts supposé et sa gestion jugée mauvaise de la pandémie de Covid-19. Le Premier ministre a survécu à ce vote, l'opposition n'ayant obtenu que 89 voix sur les 200 députés du parlement.  Même s'il avait perdu ce vote, le président Milos Zeman, un allié de M. Babis, avait fait savoir qu'il resterait à son poste de Premier ministre jusqu'aux élections générales prévues les 8 et 9 octobre. Jeudi devant le parlement, M. Babis s'en est pris à l'UE: "Personne à l'étranger ne s'ingèrera dans nos affaires", s'est-il exclamé. "Nous ne voulons pas que le parlement européen, des fanatiques verts, gèrent notre pays", a-t-il ajouté. (Belga)

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