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Alexander De Croo recadre Ihsane Haouach après son interview: qu'a-t-elle dit exactement?

"Il n'y a pas de marge pour de nouveaux incidents", a déclaré Alexander De Croo jeudi à la Chambre. Avec la secrétaire d'État à l'Égalité des chances Sarah Schlitz (Ecolo), le Premier ministre était interrogé sur les propos tenus dans Le Soir de samedi, puis clarifiés mercredi sur Facebook, par la commissaire du gouvernement auprès de l'Institut pour l'égalité entre les femmes et les hommes, Ihsane Haouach, à propos de la séparation des églises et de l'État.

"L'interview donnée au Soir a transformé nos interrogations en de fortes inquiétudes et stupéfactions", a déclaré Daniel Bacquelaine (MR), estimant que Mme Haouach avait "foulé au pied son devoir de réserve".  Pour Sophie Rohonyi (DéFI), la commissaire "minimise les victimes du patriarcat". Pour Georges Dallemagne (cdH), il était "difficile de voir une vision plus communautariste de la société", a-t-il estimé, faisant également référence à de précédentes interviews. "De tels raisonnements ne sont pas acceptables", a également indiqué Séverine de Laveleye (Ecolo), regrettant "plusieurs semaines d'agitation".

"Le gouvernement se distancie de toute suggestion qui voudrait remettre en cause ce principe (de séparation). Il n'y a pas de place pour le relativisme dans ce domaine", a répondu Alexander De Croo, rappelant l'"importance de la sérénité". "L'impartialité fait partie intégrante", de la fonction de commissaire de gouvernement, a-t-il ajouté.

Sarah Schlitz, à l'origine de la nomination de Mme Haouach, a pour sa part indiqué avoir eu une conversation avec la commissaire de gouvernement. Elle y a affirmé qu'elle défendait les droits et libertés fondamentales inscrits dans la Constitution, et qu'elle ne ferait plus de déclarations publiques. "J'espère que nous pourrons maintenant passer à cette période post-controverse. La citation de Mme Haouach était maladroite, mais pour moi, les choses ont été tirées au clair". Selon Sarah Schlitz, elle "a voulu répondre après des semaines d'attaques et d'insinuations sur sa personne".

Mais qu'a dit Ihsane Haouach?

L'interview d'Ihsane Haouach a été publiée par Le Soir le samedi 3 juillet. Une question des journalistes Fanny Declercq, Béatrice Delvaux et Véronique Lamquin a lancé la commissaire sur la question de la neutralité. "La neutralité n’est pas une fin en soi, elle sert un objectif, l’égalité. La neutralité exclusive, ça devient une doctrine qui prend le pas sur tout. Quand on est trop dans des doctrines, c’est la base du fondamentalisme, on oublie pourquoi on défend ses principes. Si on se dit que l’objectif final, c’est l’égalité de traitement, il faut travailler là-dessus. Ceux qui défendent la neutralité d’apparence visent aussi la neutralité de traitement. On pense qu’il existe une neutralité d’apparence, elle n’existe pas, on véhicule tous quelque chose: on a une façon de s’habiller, une couleur de peau, un sexe, une couleur de cheveux", a indiqué l'interviewée.

Nos confrères ont alors demandé à Ihsane Haouach si la question de l'apparence n'est pas différente en matière de signes convictionnels. Dans sa réponse, l'intéressée a fait comprendre que le voile n'est pas forcément un marqueur religieux. "C'est quoi alors?", ont demandé les journalistes. "C’est une partie de mon identité qui n’a pas à être débattue publiquement ni à être justifiée. Je ne viens pas parler de religion, moi. [...] On pense que parce que je porte le foulard, je parle religion. Je travaille depuis quinze ans, je n’ai jamais parlé religion sur le lieu de travail", a réagi Ihsane Haouach.

Durant l'entretien, la commissaire a indiqué que l'interdiction de port de signes convictionnels était "discriminatoire" et "inefficace". Les journalistes lui ont alors demandé si elle comprenait que la question pouvait représenter un bouleversement pour la société et les principes de l'Etat. "Les principes fondateurs ne sont pas mis en danger par l’apparence mais par la montée des réactions d’extrême droite. La discussion n’est pas : est-ce qu’on remet en cause la séparation de l’Eglise et de l’Etat? C’est : comment la décline-t-on avec un changement démographique?", a rétorqué l'interviewée.

L'interview complète a été publiée sur internet par nos confrères du Soir.

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