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Formation fédérale: "Il y aura une pression vers la mi-septembre pour présenter autre chose"

Politologue à la VUB, Dave Sinardet analyse la situation actuelle politique sur RTLINFO.   

Antoine Schuurwegen: Dave Sinardet, comment cette nouvelle impasse politique est-elle perçue en Flandre?

Dave Sinardet: Il n'y a pas une perception flamande. Il y a des divergences de points de vue en Flandre. Mais pour beaucoup de Flamands comme pour beaucoup de francophones, je pense que cette énième épisode est largement perçu comme une faillite de la politique traditionnelle. Il y a vraiment une certaine fatigue chez les gens. On ne suit plus les détails des événements, qu'est ce qui s'est passé exactement, qui dit quoi exactement. On a l'impression qu'il y a vraiment une incapacité structurelle à former un gouvernement même en temps de crise et cela risque bien sûr de renforcer aussi le rejet de la politique traditionnelle. Les partis politiques essayent tous de convaincre les gens que c'est eux qui ont raison et les autres qui ont tort mais le résultat, c'est peut-être surtout qu'il y a une perte de crédibilité collective de la politique.

Antoine Schuurwegen: Alors les libéraux flamands parlent d'un déficit de 15 milliards d'euros dans la note PS/N-VA mais cet immobilisme, s'ils ne parviennent pas à former un nouveau gouvernement, est-ce que la situation ne sera pas plus grave à la fin?

Dave Sinardet: C'est clair que si on ne fait rien, le déficit budgétaire ne va pas disparaître. Du contraire. En même temps, bien sûr les choix opérés par un nouveau gouvernement ont bien sûr un impact important sur ce déficit et c'est clair que le programme, le projet concocté par le PS et la N-VA, par Paul Magnette et Bart De Wever, contient beaucoup de nouvelles dépenses qui vont effectivement encore plus creuser ce déficit. C'est logique aussi bien sûr que des partis libéraux soient moins enthousiastes sur ce projet, vu qu'ils ont toujours défendu une certaine logique rigueur budgétaire. D'ailleurs, c'est ça aussi le problème plus fondamental de la construction actuelle, De Wever et Magnette, ils ont concocté une sorte de compromis entre le PS et la N-VA surtout basé sur une politique socio-économique un peu plus à gauche, et de l'autre côté un nouveau pas vers la scission de la Belgique. C'est pas très clair, ce qu'il y a dans ce projet pour les partis libéraux. C'est pas un programme économique à droite. C'est pas non plus un programme pour renforcer la Belgique donc c'est assez aussi logique qu'ils ne se retrouvent pas dans cette construction.

Antoine Schuurwegen: Dave Sinardet, brièvement vous avez parlé de la défiance de la population par rapport au politique. Est-ce que dans la situation actuelle, il est encore plausible de penser que quelqu'un pourra former un gouvernement fédéral?

Dave Sinardet: Rien n'est impossible. Il faut quand même rester encore un tout petit peu optimistes même si c'est difficile après presque 450 jours. Ce qu'on peut constater, c'est que presque aucun parti ne veut de nouvelles élections. En même temps, presque aucun parti non plus veut continuer avec le gouvernement minoritaire actuel. Donc, il y aura quand même une certaine pression vers la mi-septembre pour trouver autre chose. Peut-être que le fait que maintenant PS et N-VA ont démontrer que c'est vraiment difficile comme construction, cela va renforcer la crédibilité ou d'autres formules de coalitions. Ce week-end, vous verrez quand même encore peut-être une une énième tentative de continuer sur cet axe-là. Cela devrait être clair les prochains jours.

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