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Le centre de crise demande aux gouverneurs de province de faire appliquer les fermetures: "Nous n'avons pas de pouvoir d'injonction"

Les autorités locales sont parfois perdues face à cette mesure. Qui peut imposer quoi, à qui ? Rien n'est simple...

Le secteur culturel ne désarme pas face à la fermeture qui lui est imposée (voir les détails sur la manifestation qui a eu lieu dimanche). Mais ce lundi matin, le centre de crise émet une instruction et l'adresse aux 10 gouverneurs des provinces : en tant que garants de l'ordre et de la sécurité publique, ils sont priés de faire respecter les fermetures des salles de cinéma et de théâtre, notamment.

Mais ça n'est pas aussi simple. "Ce que nous avons reçu samedi, c'est un message du centre de crise fédéral qui s'adressait avant tout aux policiers, invitant les services de police et d'inspection de manière générale, à faire respecter les dernières décisions du codeco. Y compris la fermeture d'établissement culturel ou festif. C'est un email que le centre de crise nous demandait de relayer aux bourgmestres. Il n'appartient pas à un gouverneur de province de définir la politique en matière de recherche ou de poursuite des infractions. Ce sont les parquets qui doivent le faire, et ils ont donné leurs instructions aux services de police", a expliqué Michaël Gemenne, commissaire d'arrondissement faisant fonction à la province de Namur, dans le RTL info 13h.

Donc, "nous relayons les informations, et nous répondons aux bourgmestres, aux interrogations qu'ils pourraient avoir. A ce stade-ci, un gouverneur pourrait intervenir si la situation devait générer des troubles de l'ordre public. Nous avons un suivi régulier avec la police, et nous n'avons pas connaissance de tels troubles actuellement".

Il rappelle que "nous sommes dans le cadre d'une gestion de crise fédérale. Nous n'avons pas le pouvoir d'injonction envers les bourgmestres sur ces questions-là, et de manière générale, les gouverneurs n'ont plus de compétence disciplinaire envers les bourgmestres. Donc c'est par le dialogue qu'on pourrait régler les éventuels problèmes".

Hervé Jamar: "Des manifestations plus contaminantes"...

Les autorités locales sont effectivement parfois perdues face à cette mesure, comme nous l'explique Hervé Jamar, le gouverneur de la Province de Liège. "J'avoue avoir reçu ce week-end énormément de coups de téléphone de la part de bourgmestres, de chefs de zone de police qui me demandaient concrètement comment ils pouvaient agir… Je crois que mes collègues sont dans la même situation que moi, c'est-à-dire que ce n'est pas simple. Il ne m'appartient pas de juger du bienfondé de la norme, il m'appartient de la faire appliquer d'une certaine manière, pour autant qu'elle soit applicable".

Hervé Jamar s'interroge d'autant plus que les parquets ont déjà fait savoir qu'ils avaient d'autres priorités en termes de poursuites judiciaires. Le gouverneur liégeois pointe aussi un potentiel effet pervers de la fermeture du secteur culturel. "Il ne faudrait pas non plus que le fait d'être répressif ajoute des manifestations et autres qui seraient plus contaminantes que les manifestations culturelles au sens propres du terme".

Le gouverneur pointe également un timing compliqué: 3 jours à peine entre les annonces du comité de concertation et la fermeture effective du secteur culturel.

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