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"Vous êtes des zombies", "Tout n’est pas correct dans la théorie de l’évolution": des propos ahurissants tenus dans une unif belge et les étudiants n’osent pas réagir

Alors que les fake news, les fausses informations, déferlent sur internet, les étudiants sont-ils suffisamment critiques? Osent-ils penser, débattre, contredire ? L’université de Gand a mené une expérience étonnante en demandant à certains de ses professeurs d’être particulièrement provocants lors de leurs cours. Les étudiants étaient filmés. Et le résultat a de quoi surprendre. Chantal Monet et Michel Herincx sont allés à la rencontre de ces étudiants pour le RTL Info 13H.

Les étudiants savaient qu’ils étaient filmés mais on leur avait dit que c’était pour enregistrer des cours qui seraient diffusés sur internet. Ils ignoraient que leurs professeurs seraient intentionnellement très provocants et qu’ils tiendraient un discours pour le moins étrange.

Voici quelques propos tenus par des professeurs dans les auditoires gantois:

"Les zombies du téléphone… Les zombies ont été imaginés en 1984 et c’est vous ". "Vous êtes toujours sur les bancs de l’université et donc vous n’avez aucune connaissance pour lancer une entreprise florissante. D’ailleurs, les étudiants n’ont souvent que très peu d’idées innovantes".
"Concernant la théorie de Darwin sur l’évolution, tout n’est pas correct". "Vous êtes des esclaves. Vous êtes accros. Et votre dealer s’appelle Steve Jobs".


La plupart des étudiants restent silencieux

Il faudra beaucoup de temps avant que l’un ou l’autre étudiant n’ose finalement réagir. "Je ne vais pas parler pour les autres mais je trouve que parler d’addiction ou d’esclaves dépasse les bornes", tente un jeune homme. 

"Je voyais dans leur expression qu’ils n‘étaient pas d’accord… Mais un vrai débat ou bien lever le doigt, oser aller à l’encontre de mes propos, ç’était trop difficile pour la plupart des étudiants", souligne Mirjam Knockaert, professeur à l’université de Gand.

Confirmation dans un auditoire de la faculté de droit. Celui-ci accueille 600 étudiants et aucun n’a posé de question.

"On est là pour écouter, prendre des notes et pas pour poser des questions", réagit un étudiant. "Je n’ose pas pendant les cours. Il y a trop de monde", note une autre étudiante. Chantal Monet lui demande alors si le prof peut dire n’importe quoi: "Vous n’allez pas l’interrompre?". "Non, moi pas", insiste la jeune femme.


Faut-il adapter les méthodes d'enseignement?

Cette expérience pose question. Et si la voie classique d’enseigner de manière magistrale dans de grands auditoires n’était plus adaptée.

"On voit à l’étranger que l’on enseigne à des petits groupes. On doit pouvoir le faire aussi dans nos universités. Cela ne marchera pas pour toutes les branches, ni toutes les matières, mais il faut le développer dans les années à venir", estime Rik Van De Walle, le recteur de l’université de Gand.

Oser penser, critiquer, débattre. L’université de Gand a voulu éveiller les consciences au-delà des amphithéâtres en collant des affiches interpellantes un peu partout dans la ville: "La pauvreté est une maladie héréditaire… La circoncision des femmes limite les risques d’infection… ", des phrases choc qui sont aujourd’hui remises dans leur contexte.

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