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Des chercheurs analysent le profil des terroristes et tordent le cou à 5 idées reçues

Depuis des années, les chercheurs essayent de dresser le portrait standard des terroristes qui passent à l'acte. Peine perdue selon une étude française qui a décortiqué 137 jugements rendus contre des terroristes. Elle tord le cou à 5 idées reçues, comme l’explique, Antoine Schuurwegen. Car en réalité, il n'y a pas un profil type.

Tout d'abord, en ce qui concerne les antécédents judiciaires. Les terroristes sont souvent présenté comme des délinquants, or, dans 6 cas sur 10, il n’y a pas de casier judiciaire.


1: "Les terroristes sont connus de la justice"

Il est faux de croire que tous les terroristes sont connus de la justice. Pour le criminologue Michael Dantinne, on a sans doute voulu généraliser le profil des terroristes de Paris et de Bruxelles notamment. "Il y a peut-être eu un effet de loupe, c’est-à-dire qu’on a considéré que la clé de l’explication de ce qui était un peu insondable, c’était ca, une trajectoire qui va s’articuler de petite en moyenne délinquance", explique l’expert. "On a aussi accusé de tous les maux un passage par la prison, on l’a présenté comme le lieu, la bascule entre la criminalité ordinaire et le terrorisme."

On constate aujourd’hui qu’il y a d’autres hypothèses, que certains tombent dans le terrorisme, dans la criminalité idéologique, sans avoir d’antécédents. "Pour eux, le chemin est différent, le mécanisme, le processus de radicalisation est très certainement différents."

 
2. "Les jeunes se radicalisent seuls dans leur chambre"

Ensuite, certains ont tenté de faire croire que les jeunes pouvaient se radicaliser, seuls dans leur chambre: c'est faux, les loups solitaires n'existent pas. Il y a toujours des liens et des contacts. Michael Dantinne, criminologue, a toujours lutté contre cette idée reçue. "L’idée est confortable, car cela devance déjà des critiques en disant "Mais comment est-ce qu’on n’a pas vu faire? Parce qu’il était tout seul en train de le faire dans sa chambre".

"Non, il n’y a pas de timing pour la radicalisation. Ce que cette étude démontre, comme d’autres études avant elle, c’est que c’est quand même un processus qui est long. On ne se couche pas un jour non radical pour se relever le lendemain prêt au combat. Ca, ça n’existe pas", explique le criminologue. "C’est un processus long, et non linéaire. C’est par essai erreur, avancées et reculs. On se rapproche peut-être d’un passage à l’acte, et puis on s’en éloigne… Avant d’y revenir."

 
3. "On peut être rapidement radicalisé"

3ème idée reçue: la radicalisation est un processus éclair. On entend souvent que tout est allé très vite. Mais quand on regarde les chiffres: dans plus de 50% des cas, le processus prend au minimum un an.

 
4. "Beaucoup sont convertis à l'Islam"

4ème fausse croyance: la place des convertis à l'Islam. Parmi les terroristes, ils sont nettement minoritaires. Moins de 3 sur 10.


5. "Les peines infligées sont faibles"

Enfin, on entend souvent que les peines infligées par la justice sont faibles. C'est faux. Elles se sont considérablement alourdies. Entre 2004 et 2017, en France, on est passé d'une moyenne de 4 ans à 10 ans de prison. Une tendance que l'on retrouve partout en Europe.

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