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"On a d'abord pensé à une scan-car": quelle est cette étrange voiture croisée par Isabelle dans les rues de Bruxelles ?

Isabelle et sa collègue ont assisté à une scène rare dans notre pays : croiser une voiture autonome dans les rues de Bruxelles. Que faisait-elle là et a-t-elle le droit de rouler dans notre capitale ? RTL INFO a mené l'enquête.

Mais quelle était cette drôle de voiture qui roulait dans les rues de Bruxelles ? En novembre dernier, Isabelle et sa collègue ont eu une drôle de surprise sur la route. Les deux femmes venaient de Nivelles pour rejoindre le cabinet d’avocat dans lequel elles travaillent à Bruxelles, et ont croisé la route d’une "voiture avec plein de caméras". 

"On a d’abord pensé à une scan-car, pour les PV, ou à une voiture de Google" pour la cartographie, se souvient Isabelle. "Ce qui était encore plus bizarre, c’était la plaque suédoise. En la dépassant, on a vu que c’était une voiture de chez Volvo. Elle avait des caméras partout, dont certaines qui semblaient filmer dans ma direction. Elle avait un numéro aussi, c’est donc qu’il y en a plusieurs."

Qu’est-ce que c’est ?

Intriguée, la rédaction de RTL INFO a mené l’enquête afin de savoir ce qu’est réellement cette étrange voiture. La première hypothèse d’Isabelle peut être écartée directement, il ne s’agit pas d’une scan-car.  

La possibilité que ce soit une Google car (ces voitures utilisées pour les images de Google Street View) restait possible, mais l’entreprise américaine est catégorique: "Ce n’est pas une voiture Google Street View". Le géant de l’informatique n’a même "aucune idée" de ce qu’elle peut-être.  

C’est le chef du service Circulation de la zone de police Montgomery qui va finalement trouver la réponse: il s’agit d’un (prototype de) véhicule autonome développé (actuellement ou dans le passé) par Volvo. Dans ce cas précis, il s’agit d’un modèle XC90.  

La chance va continuer de nous sourire lorsque, quelques heures plus tard, une autre personne retrouve la fameuse voiture tranquillement garée dans les rues de Bruxelles.

Une voiture autonome, c’est légal? 

Mais que pouvait bien faire un véhicule (potentiellement) autonome immatriculé en Suède dans les rues de Bruxelles un matin de novembre? Une question qui restera… sans réponse. Même chez Volvo Belgique, la présence de cette voiture dans notre capitale était "une surprise", nous dit-on. "Nous ne sommes pas au courant". Après quelques recherches en interne, il s'avère que cette voiture collecte des données pour développer la conduite autonome. 



Reste à savoir si ce type de véhicule avait le droit de se trouver au milieu de notre trafic.  

Avant de répondre à cette question, il faut savoir qu’il existe différents niveaux de voitures autonomes. "Ça va de zéro (quand le véhicule n’a aucune assistance) à cinq (où là, il est totalement autonome)", explique Jean Vanderdonckt, professeur d’informatique à l’UCLouvain.  

"Aujourd’hui, on est au niveau trois. C’est-à-dire une conduite autonome conditionnelle. La voiture peut freiner, dépasser et tourner elle-même, mais lorsqu’il y a un problème, elle émet un bip sonore et le conducteur doit alors reprendre les commandes du véhicule et tout cela dans des conditions assez strictes : sur une route dont la vitesse maximale est de 60 km/h, sans piéton ni cycliste et sur une route séparée de l’autre sens par une berne centrale", précise Benoit Godart, le porte-parole de l’institut VIAS.  

La voiture du futur ? 

Les voitures autonomes sont donc autorisées à rouler dans notre pays, mais à certaines conditions pour elles et leurs conducteurs.  

Des conditions qui seront amenées à évoluer dans quelques années au fur et à mesure des progrès de cette technologie.  

"Oui, les machines vont décider de plus en plus à notre place. La vitesse, le changement de vitesse, le changement de ligne sont des tâches qui sont de plus en plus automatisées. Aujourd’hui, même si pratiquement on peut aller jusqu’au niveau le plus élevé, on n’en est encore qu’à la moitié", détaille le professeur Vanderdonckt.  

Dans les obstacles qui restent sur la route des voitures autonomes, il y a des contraintes physiques, certains carrefours à plusieurs branches sont très compliqués à traverser et ne peuvent pas (encore) l’être par une intelligence artificielle. Mais aussi des contraintes morales. "Les humains ont toujours été habitués à tout contrôler, surtout pour une voiture. Déléguer ce contrôle est un changement de mentalité qui n’est pas facile."


Les choses vont continuer d’aller de l’avant pour les voitures autonomes. Benoit Godart confirme qu’il "y a une volonté d’aller vers le niveau quatre". "Là, on peut considérer le conducteur comme un passager. La voiture effectue toute une série de tâche jusqu’à 120 km/h, toujours sans piéton ni cycliste et toujours avec la berne centrale", détaille le porte-parole de l’institut de la sécurité routière.  

"On annonce le niveau 4 pour janvier 2023", annonce-t-il avant de tempérer : "Il faut aussi voir si on sera prêt". 

Être prêt à faire rouler les voitures autonomes de niveaux 4 sur nos routes signifie qu’"il faut que l’infrastructure routière soit la plus précise possible, surtout la signalisation. Si toutes les routes sont bien délimitées avec des bandes blanches alors les voitures pourront s’y retrouver, mais si des carrefours ou des routes ne le sont pas alors la voiture pourra ne plus être capable de bien conduire. Il faut encore bien baliser l’ensemble du réseau routier", précise Jean Vanderdockt. 

Un avenir encore flou qui inquiète Isabelle, notre alerteuse. "Les voitures autonomes m’inquiètent. Est-ce que les robots vont pouvoir anticiper comme nous ? Est-ce que les intelligences artificielles auront les mêmes réflexes que nous ?", se questionne la Nivelloise.  

"Je ne serais pas tranquille de laisser ma vie entre les mains d’un robot", conclut-elle.  

Une chose est sûre : le progrès est en marche, et même s’il prend son temps, il ne s’arrêtera pas.  

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