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Le Vrai/Faux d’Antonio Solimando: manifeste-t-on plus sous le gouvernement de Charles Michel?

En ce jour de nouvelle manifestation nationale, on décrypte l’ampleur de la mobilisation. Notre journaliste Antonio Solimando a analysé les chiffres des défilés syndicaux des dernières années.

Alors vrai ou faux, la mobilisation faiblit, ces dernières années? C’est faux, si on examine la mobilisation en trois et demi de gouvernement Michel. Et encore faux, si on compare les chiffres de mobilisation avec les législatures précédentes.

Pour que ça soit clair, on va prendre à chaque fois les chiffres de mobilisation selon la police. Et on ne tient compte ici que des manifestations nationales, organisées en front commun, c’est-à-dire : à l’appel de l’ensemble des syndicats pour tous les secteurs d’activité.

A la formation du gouvernement Michel, fin 2014, la toute première manifestation a rassemblé 100.000 personnes. Ensuite, chaque année, on a perdu d’environ 20.000 personnes à chaque mouvement social. Pour retomber à 25.000 personnes lors de la première marche des pensions en décembre dernier. 4 fois moins d’opposants qu’au début du gouvernement.


Sauf que ce matin, ils étaient à nouveau 55.000 dans les rues…

La mobilisation est donc à nouveau repartie à la hausse. C’est une première nuance. La seconde nuance, c’est que le plus souvent, en Belgique, les manifestations rencontrent toujours plus de succès au début d’une législature, qu’à la fin. Au début, seul l’accord de gouvernement est connu, les protestataires espèrent faire fléchir la coalition en place. Ensuite, ils constatent qu’ils n’arrivent pas à influencer suffisamment les dirigeants politiques, et il y a une tendance habituelle à la démobilisation.


Est-ce qu’on peut dire qu’on manifeste plus aujourd’hui, que lors de la législature précédente?

Oui, c’est vrai. 6 manifestations nationales sous ce gouvernement. 3 sous le règne d’Elio Di Rupo. 365.000 manifestants cumulés, depuis 2014, soit trois fois plus, que sous le gouvernement précédent. 115.000.
Cela dit, d’abord, le gouvernement Di Rupo a vécu moins longtemps, deux ans et demi.

Deuxièmement, la forte mobilisation contre l’équipe Michel est aussi à mettre sur le compte de la politique de rupture, de son gouvernement. Beaucoup de grands chantiers de réformes, des pensions, à l’organisation de la semaine de travail.

Enfin, il y a un argument plus politique : avec les socialistes dans l’opposition, le CDH également, les syndicats de ces couleurs politiques ont perdu leurs relais politiques au conseil des ministres. Pour se faire entendre, l’option la plus visible est souvent le défilé de couleur.

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