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Les F-35 remplaceront les F-16: le Premier ministre explique le choix du gouvernement

Le comité ministériel restreint a tranché jeudi sur trois programmes d'achats militaires en suspens depuis des mois, dont le plus emblématique est le remplacement des F-16 par 34 avions de combat furtifs F-35 américains à un prix inférieur de 600 millions d'euros à ce qui était budgété. Le Premier ministre belge, Charles Michel, était l'invité du RTLinfo 19H pour expliquer la décision de son gouvernement. Il a été interrogé par Caroline Fontenoy.


Caroline Fontenoy: Vous qui êtes un pro-européen, pourquoi avoir privilégié envers et contre tout un avion américain?

Charles Michel: Parce que cet avion-là était le meilleur rapport qualité-prix. Il est 600 millions d'euros moins cher que ce qui est prévu. Et puis, surtout, il y a eu une procédure très longue, très lourde et très objective. On a donné la possibilité à toutes les agences étatiques de faire des offres, de faire des propositions. Malheureusement, c'était leur choix, les Français n'ont pas remis d'offre dans la procédure objective qui avait été lancée. Je veux aussi mettre en évidence que, si la décision est prise de commander des F-35, 30% des composantes de l'appareil seront fabriquées en Europe, c'est le premier élément. Deuxième élément: pour le reste, pour le matériel blindé, pour la marine également, ce seront des projets européens qui seront choisis. Et je veux être tout à fait clair: nous voulons choisir à la fois l'alliance européenne pour notre défense commune, ce qui est fait au travers des décisions qui sont prises. Nous voulons aussi considérer que les États-Unis restent un partenaire. Ce n'est pas, comme je l'ai entendu au Parlement, soudainement un adversaire parce que Donald Trump serait président. Du reste, c'est un achat pour quarante ans. Donald Trump ne restera pas quarante ans président des États-Unis.

C. F.: Un achat pour quarante ans, c'est un budget colossal. On l'a entendu. Est-ce que c'était vraiment nécessaire de faire ça maintenant? D'après un sondage qui vient de paraître dans Le Soir, les Belges pensent que ce n'est pas une priorité.

C. M.: Je pense qu'il y a un devoir d'explication. Il n'est pas question de choisir entre investir pour nos infrastructures en Belgique, pour les chemins de fer, pour le transport, pour la transition énergétique… ou bien investir pour notre sécurité. Il faut faire les deux, et c'est ce que nous faisons. Avec le choix qui est opéré, il y a un point clé, c'est la volonté de travailler pour la sécurité et la stabilité, qui ne tombent pas du ciel sans qu'il y ait de stratégie. Ça fait septante ans qu'il y a de la paix en Europe, c'est une bonne chose, mais septante ans c'est peu au travers de l'histoire. Et regardez, à quelques heures d'avion de Bruxelles seulement, en Ukraine, en Syrie, en Libye, il y a des foyers de conflit extrêmement graves. La situation dans le monde nécessite effectivement qu'il y ait des défenses en Europe prêtes à se mobiliser pour la paix et la sécurité.

C. F.: Est-ce que le prix, néanmoins, suffit à gommer les défauts?

C. M.: Ce qui est certain, c'est qu'il est essentiel d'avoir des retours économiques, des retours sociétaux. La décision qui est prise va permettre à des entreprises belges de pouvoir profiter de transferts de technologies et d'avoir des contrats. C'est la raison pour laquelle le fait que cet avion est finalement moins cher que ce qui avait été prévu nous permettra de préfinancer ces contrats et de développer une expertise en Europe. Deuxième élément: les spécialistes avaient établi sept critères de comparaison entre cet avion et l'autre avion, l'Eurofighter. Et sur les sept critères, le prix, mais également sur les autres critères, chaque fois c'est clairement le F-35 qui vient en tête. C'est le choix objectif qui a été fait. Il y a une procédure qui a été supervisée par l'inspection des finances. Il s'agit d'un fonctionnaire totalement indépendant du gouvernement. Il doit s'assurer que l'indépendance a été garantie tout au long de la procédure. J'assume tout à fait que, pour l'avenir de la Belgique, il est important de construire, jour après jour, cette double alliance européenne et transatlantique. C'est cela qui pendant septante ans a garanti la paix, et c'est ça demain qui continuera de garantir la paix et la sécurité sur notre continent.



C. F.: Que vont devenir les "vieux" F-16?

C. M.: Ils vont continuer à être utilisés pendant un certain temps, puisque le programme prévoit qu'il y ait un renouvellement progressif. Jusque 2030 il y aura encore l'utilisation des vieux F-16.

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