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Nette hausse des personnes sans-abri à Bruxelles mais aussi en Wallonie, "tant en zone urbaine que rurale": comment l'expliquer?

De plus en plus de personnes n'ont plus de toit et vivent dehors: à Bruxelles, le nombre de sans abri est en nette hausse. Selon un comptage de en rue de l'asbl Bruss'Help, en 2020, on dénombrait au moins 5 300 personnes sans-abris contre 4 187 deux ans auparavant. En wallonie, pas de comptage, mais l'augmentation est aussi constatée par les associations. Comment l'expliquer? A quoi est-ce du?

Le nombre de sans abris a nettement augmenté en à peine deux ans. Avec des chiffres exorbitants: +20% voire +30% dans la capitale. Et la Wallonie n'est pas non plus épargnée. Les associations de terrain le constatent. François Bertrand, directeur de Bruss'Help, une asbl qui aide et reloge les personnes sans-abris à Bruxelles et ses communes. "On observe une augmentation en région bruxelloise. En Wallonie, ils en sont à leur première expérience de comptage, mais on observe déjà un phénomène important tant en zone urbaine comme à Liège mais aussi en zone plus rurale comme à Arlon", observe-t-il. 

C'est donc un constat: de plus en plus de personnes dorment dans la rue et n'ont plus de toit au-dessus de leur tête. En 2020, on dénombrait au moins 5 300 personnes sans-abris contre 4 187 en 2018, tout juste deux ans auparavant, selon un comptage en rue de l'asbl Bruss'Help. "Sur ces 5.300 personnes, 3 sur 5 sont prises en charge par le réseau d'aide et de soin mais cette augmentation est très importante", explique le directeur de l'asbl. 

La crise sanitaire et l'augmentation des loyers à Bruxelles ont accentué la précarité

Des hommes, des femmes et des enfants... des Belges et des sans-papiers sont victimes de cette terrible situation. Mais comment expliquer cette hausse significative du nombre de personnes sans-abris dans la capitale et en région wallonne?

La première raison, "c'est le prix des loyers en région bruxelloise qui sont les plus élevés du pays", pointe François Bertrand. "Et donc pour des personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, ça devient impossible de trouver un logement", ajoute-t-il. Certains cherchent depuis 2 voire 3 ans, sans succès, comme en témoigne de nombreux commentaires sur les groupes Facebook concernant la recherche d'appartement sur Bruxelles. Tous dénoncent des prix exorbitants ne cessant d'augmenter. 

Mais cette hausse des loyers n'est pas la seule raison: la crise sanitaire a largement joué en faveur de cette augmentation, accentuant encore un peu plus la précarité. La deuxième raison est donc "d'ordre plus subjectif", précise le directeur de l'asbl."C'est toute une série de ruptures sociales, familiales, et aussi des problèmes de santé mentale dans une partie de la population et la crise covid a eu un effet accélérateur", a-t-il détaillé. 

Témoignage de personnes sans-abris en région bruxelloise: David, à la rue depuis 3 mois 

David, 41 ans, vit dans les rue depuis maintenant 3 mois. Notre journaliste Kaïma Boudiaf a récolté son témoignage afin de comprendre comment il s'en est retrouvé là. "On dirait que ça fait un siècle mais ça fait seulement 3 mois", lance-t-il avant d'en expliquer les raisons. "J'ai hébergé des personnes sans-abris, elles ont foutu la merde dans mon appartement et comme c'était une AIS, tous les voisins ont porté plainte et ont fait une pétition pour que je parte de mon logement, et alors j'ai du le quitter. C'est pour ça que je suis dans la rue", explique-t-il. Une situation difficile: "J'en ai marre de dormir par terre". 

Pour Balou, c'est un choix 

Quelques mètres plus loin, Balou accompagné de son chien. A 36 ans il est sans domicile fixe depuis 5 ans. Mais pour lui, à la différence de David, c'est un choix: "C'est un choix parce qu'en étant sdf on est libre", débute-t-il avant d'expliquer: "Je peux prendre mon sac à dos, prendre le train parce que c'est gratuit pour moi, aller dans une autre ville et voilà, avec mon chien, tranquille". 

Mais avec la crise sanitaire, son quotidien s'est compliqué, explique-t-il. "Ça on l'a mal vécu, on nous a oublié", pointe Balou. "Les toilettes de la gare fermés, plus d'assoc, plus de personnes qui passent donc plus de monnaie, plus de cigarettes, et des agressions puisqu'il n'y a que des sdf dans la ville. On est pas aidés de la police et on a pas le droit de déposer plainte", détaille-t-il.

Le profil des sans-abris a-t-il changé?

Toujours des hommes, des femmes, des enfants et même des adolescents seuls. Mais il y a de plus en plus d'hommes et de moins en moins de femmes et enfants car ces-derniers sont hébergés par les maisons d'accueil en région bruxelloise prioritairement. Malgré cela, on dénombre 933 enfants sans-abris contre un peu plus de 600 en 2018. 

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