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Quel carburant choisir? La réponse de Xavier Daffe, rédacteur en chef du moniteur automobile

Vous envisagez peut-être d'acheter une nouvelle voiture cette année et pourquoi pas au Salon de l'auto qui se tient à Bruxelles jusqu'au 19 janvier. La question principale qu'on se pose, c'est quel carburant choisir entre le diesel, l'essence, l'électriques ou les hybrides. Xavier Daffe est le rédacteur en chef du moniteur automobile, il était l'invité d'Olivier Schoonjans ce lundi. Il a répondu à ses questions en vue d'éclairer les consommateurs sur le carburant qu'il faudrait choisir en ce début d'année 2020.

Le Belge change de voiture en moyenne une fois tous les huit ans. En ce laps de temps, tout a évolué. En effet, il y a huit ans, on ne parlait que d'une chose : le Diesel. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas.

Oui, effectivement, c'était l'époque des fameuses "primes CO2" octroyées par le gouvernement. Ces primes pouvaient atteindre 15% du prix d'achat de la voiture donc ce n'était pas négligeable. Ces primes désignaient essentiellement des modèles diesel puisque ce type de moteur consomme peu et donc émet peu de CO2. Donc tout le monde s'est rué à ce moment-là sur ces voitures, y compris pour des petites voitures appelées à circuler essentiellement en ville. C'était un peu aberrant.

Aujourd'hui, ces primes ont disparu et on a vu que dans la foulée du "Diesel Gate", ce carburant a moins bonne presse aujourd'hui. Ce "Diesel Bashing" est un peu exagéré. Mais aujourd'hui, on voit apparaître toute une série de motorisations alternatives et effectivement le client est un peu perdu.

Dans quelle situation, vous allez me conseiller d'acheter un véhicule diesel ? Ça dépend de quoi ? Du nombre de kilomètres que je vais faire, du type de trajet que je vais faire ?

Ce sont les deux critères à analyser. Quelqu'un aujourd'hui qui fait plus de 30.000 kilomètres par anfait une majorité de trajets autoroutiers. Dans ce cas, il n'y a pas d'autres alternatives que de rouler en diesel. C'est ce qui lui convient le mieux et c'est ce qui est plus économique et le plus écologique pour cet automobiliste. En effet, lorsqu'un diesel est bien chaud, bien utilisé, il pollue relativement peu.

Par contre, si vous voulez circuler essentiellement en milieu urbain, le diesel est moins indiqué.

Vous fixez cette limite à 30.000 kilomètres en moyenne par an ?

C'est une moyenne qui peut être différente en fonction des véhicules. Mais c'est à peu près ça. Vu l'alignement des prix des carburants à la pompe avec l'essence, c'est aux alentours de 25.000 à 30.000 kilomètres. Autour de 25.000, il faut commencer à se poser des questions. À trente mille, on ne se pose même plus la question.

Dans quels cas vous me conseillez d'acheter une voiture essence ?

Si vous faites essentiellement des courts trajets, de quelques kilomètres, en milieu urbain ou péri-urbain. Si la voiture n'est pas souvent utilisée. Si la voiture n'a pas souvent le temps de chauffer. Alors effectivement, dans ces cas-là, le moteur essence peut-être une bonne solution. Cela si vous faites 10.000 à 15.000 kilomètres par an à peu près.

Il faut prendre en compte que le prix du litre d'essence coûte moins cher et le prix d'achat du diesel est plus cher.

Oui, de toute façon, un diesel consomment toujours un peu moins qu'un véhicule essence. Donc, il émet moins de CO2. Dans la lutte contre le réchauffement climatique et les émissions de CO2, le diesel peut être un allié. Il n'est pas un allié pour la santé publique en milieu urbain, mais ce sont deux thématiques complètement différentes.

Cette année, on a l'impression qu'on ne parle que de l'électrique. Au salon de l'auto, presque toutes les marques ont leur modèle. Ils mettent ce modèle en avant. Alors, c'est l'année de l'électrique selon vous ?

C'est l'année de l'électrique effectivement. Les constructeurs, aujourd'hui, sont poussés dans le dos par l'Union européenne qui impose des normes d'émission de CO2 très strictes. L'autre alternative que le diesel, aujourd'hui, pour rencontrer ces objectifs fixés par l'Union européenne, c'est l'électrification des gammes.

Électrifier sa gamme ça veut dire quoi ? C'est commercialiser des hybrides, commercialiser des voitures électriques. Le problème, c'est que ces voitures électriques restent chères à l'achat. Le temps de recharge reste relativement élevé et l'autonomie reste quand même limitée par rapport à une voiture à moteur essence ou diesel.

Un moteur électrique, dans l'état actuel du marché, vous le conseillez à qui ?

À quelqu'un qui circule uniquement en milieu urbain, mais qui a la possibilité d'avoir un garage ou un emplacement réservé dans lequel il peut installer une borne de recharge. On a entendu que les autorités de la ville de Bruxelles veulent bannir les voitures essence et diesel à l'horizon 2030-2035. C'est très bien, mais qu'est-ce qu'on met à la place ?

Inciter les gens à rouler en voiture électrique, moi je veux bien, mais tout le monde n'a pas de borne et de toute façon les bornes publiques aujourd'hui, on en compte à peu près 17 sur le territoire de la ville de Bruxelles. C'est relativement peu, vous en conviendrez. À titre de comparaison, sur la grande banlieue d'Amsterdam, on en trouve 6.000. C'est clairement une question de priorité qui doit être fixée à un moment donné.

Une personne de Test-Achats avait étudié la question et disait : "Attendez avant d'acheter une électrique parce que dans un an, la technologie aura été révolutionnée." C'est le cas ?

C'est clair que la technologie évolue très vite. Déjà avec l'électrique, on constate de gros progrès en matière d'autonomie et de temps de recharge. Il y a une nouvelle génération de batteries à électrolyte solide qui a été inventée. Par rapport à une batterie d'aujourd'hui, la capacité d'énergie qu'elle pourra développer sera doublée. Donc, effectivement, c'est une technologie qui évolue très vite parce que tout le monde s'y intéresse et tout le monde a investi énormément en recherche-développement dans cette matière-là.

Et l'hydrogène ? On en parle de temps en temps. Il y a seulement deux bornes de recharge à hydrogène dans le pays... On n'y est pas encore, mais ça pourrait être la solution dans dix ans ?

Je pense que le 100% électrique, les voitures batteries telles qu'on les connaît aujourd'hui, ce sera une phase transitoire. Effectivement, à plus long terme, l'hydrogène peut être une solution à condition de pouvoir produire de l'hydrogène de manière verte. À l'heure actuelle, produire de l'hydrogène, c'est encore très polluant. Donc le bilan reste malgré tout pas forcément très flatteur.

Mais les choses évoluent. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de sociétés qui parviennent à produire de l'hydrogène de manière verte. Quand ce sera généralisé, effectivement, la voiture à hydrogène pourrait être une solution.

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