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Des scientifiques wallons découvrent une variété exotique de poissons en plein recensement et ce n’est pas une bonne nouvelle

Inquiétude autour des poissons d'eau douce en Wallonie : 10 espèces sur 40 sont menacées dans les cours d'eau. En cause notamment la sécheresse, et l'introduction de poissons exotiques plus agressifs. La région wallonne et l'Université de Liège entreprennent un recensement.

A Moha (Wanze), des scientifiques travaillent les pieds dans l’eau. L’exercice exige de la patience et une vision sans faille. Le recensement des poissons s’effectue par pêche électrique, un procédé scientifique, dans la rivière Mehaigne, un affluent de la Meuse.

"Quand les poissons sont proches du courant, ils sont légèrement étourdis. On peut les capturer avec l’épuisette et on les place ensuite dans des bassines pour les contrôler scientifiquement", explique Michael Ovidio, le directeur de l’Unité de gestion des ressources aquatiques à l’ULiège.

La population d'anguilles a chuté de 97% en 20 ans

Ses équipes recensent les populations, un moyen indispensable pour suivre l’évolution des espèces et leur développement, d’autant que certaines sont en danger critique.
Michael repère une anguille : "C’est une espèce qui est menacée, ses populations ont chuté de 97% en 20 ans en région wallonne et donc effectivement c’est une espèce qui est en danger critique d’extinction".

Plusieurs menaces pour les poissons

La liste rouge, qui contient également le saumon atlantique, est en cours d’élaboration. En région wallonne, une dizaine d’espèces de poissons d’eau douce sont menacées. En plus de ces deux poissons en danger critique, il y a la brème bordelière, le brochet, l’ombre commun, l’ablette commune et la truite fario.

Parmi les causes avancées, on note la destruction des berges et la sécheresse, accentuée ces dernières années, mais pas seulement. "Il y a aussi le fait qu’il y a peut-être moins de nourriture dans les cours d’eau ou ce genre de choses et qu’elles sont épuisées et qu’elles n’arrivent pas à retourner en mer pour se reproduire", souligne Justine Gelder, doctorante à l’Unité de gestion des ressources aquatiques à l’ULiège.

"Des espèces exotiques envahissantes"

Les poissons capturés sont ensuite répertoriés et classés. Surprise pour les scientifiques, ils tombent sur une écrevisse exotique et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. "Selon les organismes internationaux de conservation de la nature, l’effondrement de la biodiversité a pour deuxième cause, les espèces exotiques envahissantes, donc ce n’est pas du tout négligeable en termes de problématiques et les milieux aquatiques n’y échappent pas", précise Samuel Vanderlinden, le coordinateur au contrat de rivière – Meuse Aval.

Sur la dizaine d’espèces capturées, la biomasse observée semble plus faible cette année. "Il y a eu certainement quelque chose qui s’est passé dans la rivière qui a baissé le nombre de poissons. Cela peut être des épisodes de canicule, cela peut être les inondations de l’été 2021. Donc là, c’est difficile à dire pour le moment", avance Michael Ovidio.

Ces données serviront à compléter au fil des ans les profils des espèces observées. Chaque année, ces scientifiques effectuent une cinquantaine de relevés partout en Wallonie.

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