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Une nouvelle vie attend Nicolas, greffé d'un rein après 9 ans d'attente: "Au lieu d'être un poids, je vais redevenir quelqu'un d'actif"

Après 9 ans d'attente, Nicolas Joquait a enfin reçu la greffe de rein qui va lui changer la vie. Cette bonne nouvelle, le père de famille l'a appris alors qu'il n'y croyait plus et que la période de pandémie a fortement impacté les dons et les greffes d'organes.

Cela faisait 9 ans que Nicolas Joquait attendait ce moment. Dimanche, à peine rentré de ses vacances dans les Vosges avec son épouse et ses trois enfants, il reçoit le coup de téléphone qu'il n'attendait plus. Un rein est disponible pour lui. "On s'installe dans le fauteuil quand tout est rangé et puis: l'appel", dit le père de famille de 46 ans. "Mes enfants sont venus me conduire à l'hôpital. C'était magique."

À l'autre bout du fil, c'est Valérie Dumont, coordinatrice de transplantation aux cliniques universitaires Saint-Luc, qui lui annonce la bonne nouvelle. un rein est disponible pour lui. "C'est chaque fois un moment de bonheur de pouvoir appeler un patient de lui dire qu'on a peut-être une bonne nouvelle pour lui", dit-elle. "Chaque patient à une réaction différente mais lui ne s'y attendait pas du tout."

"On est chaque fois déçu parce que ça ne vient pas"

Car cela faisait 9 ans que Nicolas était sur la liste des demandeurs d'organes. Il avait abandonné le fait d'attendre. "Quelqu'un qui doit être greffé attend en moyenne deux ans, c'est la durée standard", explique-t-il. "Avec mon passif j'ai beaucoup d'anticorps, j'avais donc moins de chance d'être greffé rapidement." Après un certain temps, le père de famille a décidé de ne plus attendre la greffe. "C'est plus facile de me dire que ma vie est comme ça", poursuit-il. "Parce que l'attente est très difficile. On est chaque fois déçu parce que ça ne vient pas. Mais c'est arrivé. Miracle, on va dire."

C'est depuis son lit d'hôpital que l'homme de 46 ans témoigne. La greffe est un succès et plus rien ne sera pareil dorénavant pour lui. "Je suis ravi de pouvoir profiter de la vie avec mes trois enfants et ma femme d'une autre manière maintenant." Elle va en effet complètement changer. "C'est vraiment une nouvelle vie qui commence. Quand on a trois enfants et qu'il faut faire la dialyse, c'est la maman qui doit s'occuper d'eux, gérer les plannings, etc,... Tout ça va tomber, au lieu d'être un poids, je vais redevenir quelqu'un d'actif en fait."

La liste de patients en attente de greffe en augmentation

La pandémie a fortement impacté les dons et les greffes d'organes depuis 2 ans. Selon les chiffres que RTL Info a pu se procurer, il y a eu une diminution de 20 à 25% de greffes réalisées depuis mars 2020. Il y a également moins de donneur. 231 en 2021 contre 297 en 2019. Il n'y a pour l'instant pas eu plus de décès de personnes en liste d'attente. Ce chiffre reste malheureusement de 25 à 30%, principalement des patients en attente d'un cœur ou d'un foie.

Aujourd'hui, la liste de patients en attente de greffe a augmenté pour atteindre 1.464 personnes, un triste record. Parmi ceux-ci, 970 sont en attente d'un rein. Il y en a 360 à Saint-Luc et 150 au CHU de Liège par exemple. "Ça a été très difficile pendant la première partie de la pandémie", explique Valérie Dumont, coordinatrice de transplantation aux cliniques universitaires Saint-Luc. "On a été extrêmement prudent. On acceptait autant de patients en liste mais on faisait beaucoup moins de greffes. La différence entre donneurs et receveurs s'est donc encore accrue." Selon elle, il y avait déjà un manque d'organes avant la pandémie. Mais le fossé n'a fait que de se creuser depuis. "On espère pouvoir rattraper car depuis le vaccin on peut se permettre de reprendre une vie plus ou moins normale", conclu-t-elle.


Gaëtane a pu se rendre compte de cette attente. Au moins de juin dernier, elle a offert un rein à sa maman. "Les greffes pour les donneurs vivants ont été stoppées à un moment", dit-elle. "Et donc, il a bien fallu patienter."

Sur le plan éthique, nous ne pouvons pas forcer un patient à être vacciné. 

La vaccination permet aujourd'hui de reprendre un rythme de transplantation quasi-similaire à avant la pandémie. Car pour recevoir une greffe, il vaut mieux être vacciné. "Nous veillons à ce que le patient ait trois doses et nous vérifions son niveau d'anticorps anti-covid avant chaque transplantation", explique Michel Mourad, chef de l'Unité de transplantation rénale et pancréatique des Cliniques universitaires Saint-Luc. "C'est pour être sûr que le patient a l'immunité complète. Mais sur le plan éthique, nous ne pouvons pas forcer un patient à être vacciné. Ça arrive très rarement mais c'est déjà arrivé." Une personne non-vaccinée sur la liste d'attente a reçu récemment une offre de rein. "Nous ne pouvons pas lui priver de cette chance mais on lui explique qu'il court un risque énorme après sa transplantation. Mais la majorité de nos patients sont vaccinés et boostés."

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