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"Les Wallons doivent brosser devant leur porte": le ministre Bellot dénonce l'attitude des communes wallonnes concernant le RER

François Bellot a abordé la question du RER dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche. Le ministre fédéral de la Mobilité a fait le point sur la situation actuelle, future, mais aussi sur le passé du dossier. D'après lui, les exigences urbanistiques des communes wallonnes sont responsables d'un tiers du dérapage budgétaire du RER côté wallon. Des exigences qui n'ont pas existé en Flandre, selon le ministre. "Les Wallons doivent brosser devant leur porte", a d'ailleurs lancé François Bellot.

François Bellot (MR), ministre fédéral de la Mobilité, était l'invité de l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL-TVI. Pour le ministre, c'est un peu le moment de faire le bilan, car le gouvernement fédéral est en affaires courantes (suite au départ de la N-VA) et il ne peut plus prendre de grandes décisions jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement (après les élections de mai).

L'un des grands thèmes abordés concerne le RER, le réseau express régional. Ce réseau ferroviaire, toujours en cours de réalisation, doit offrir des liaisons rapides et une fréquence de passage plus importante dans un rayon de 30 kilomètres dans et autour de Bruxelles. Lancé dans les années 90, la mise en circulation était prévue pour les années 2000… Mais en 2019, ce réseau n'est toujours pas terminé, et il faudra encore de longues années (3 ans pour la Flandre, 7 ans pour Ottignies-Bruxelles et 12 ans pour Nivelles-Bruxelles).

Les ministres savaient depuis 2009 qu'il allait manquer entre 500 et 600 millions

François Bellot a d'abord abordé la situation actuelle et future du projet. "Côté flamand, on a inauguré le plus grand tronçon du RER, 500 millions d'euros, mais il reste l'entrée dans Bruxelles, qui est la partie la plus compliquée. C'est un chantier de l'ordre de 60 à 70 millions, sur quelques centaines de mètres. Ce n'est que quand ce tronçon sera réalisé, l'embranchement vers la gare du Midi, qu'on pourra considérer que le RER est terminé côté flamand", a précisé le ministre.

Pour l'instant, selon François Bellot, il n'y a pas encore plus de trains qui arrivent depuis la Flandre vers Bruxelles. "Il n'y en a pas plus. Depuis la fin des travaux de la ligne 51, ils roulent sur les quatre voies, mais dès qu'ils arrivent dans Bruxelles ils retombent sur les deux voies, et c'est très compliqué d'entrer dans la gare du Midi. À mon avis ce sera près dans 3 ans", a-t-il ajouté.

"Et que s'est-il passé côté wallon? Les gouvernements depuis 2009 le savaient. Les ministres Vanackere (CD&V), Vervotte (CD&V), Magnette (PS) et Labille (PS) savaient depuis 2009 qu'il allait manquer entre 500 et 600 millions d'euros pour terminer les travaux. Donc en 2014 et 2015, il a fallu ralentir voire suspendre les travaux pour différentes raisons", a affirmé François Bellot. "Donc en juillet 2016 j'ai surpris tous mes collègues, j'ai dit qu'il me fallait un milliard pour pouvoir terminer les travaux. Il y a eu des discussions, ça n'a pas été simple, mais on y est parvenu".

Le ministre a ensuite confié avoir voulu relancer les organes de concertation, qui s'appellent les Comités exécutifs des ministres de la Mobilité, et le comité de pilotage, "qui normalement devaient se réunir tous les deux mois depuis 2002, et qui s'est réuni sept fois entre 2009 et 2016".
Le milliard obtenu pour terminer les travaux du RER doit encore passer en commission du Parlement prochainement. Selon le ministre, un accord de coopération a été signé avec tous les partis membres de gouvernement en Wallonie, Bruxelles, Flandre et au niveau fédéral pour assurer la pérennité du financement.

La Flandre a le beurre, l'argent du beurre et le sourire de François Bellot?

Dans la suite de l'émission, le chroniqueur Alain Raviart a commenté le travail du ministre: "Je crois que dans l'histoire on retiendra du passage de monsieur Bellot que c'est un ministre qui a fait ce qu'il a pu, ce qui est en Belgique est déjà pas mal. De temps en temps il faut savoir dire qu'un ministre a fait le job, surtout avec une forme d'apaisement. Il n'empêche que, quand on voit la situation, où il y a une Flandre triomphante qui a un RER qui roule, ou presque, vous avez un plan de survol qui arrange toujours bien la Flandre. Donc j'ai l'impression que, si vous avez été un très bon ministre de la Mobilité, est-ce qu'en tant que Francophone on n'a pas l'impression que la Flandre a le beurre, l'argent du beurre et le sourire de François Bellot?".


La réponse de François Bellot: "Les Wallons doivent brosser devant leur porte"

Le ministre de la Mobilité a ensuite réagi à la question d'Alain Raviart. "Non. Mais je vais prendre le cas du RER, les Wallons doivent brosser devant leur porte. Pour obtenir des permis d'urbanisme dans les gares en Wallonie, on a exigé de mettre des bacs à fleurs, de faire des ronds-points, des choses comme ça… En Flandre, ça n'a pas existé. Ce sont les communes qui ont demandé ça. Vous savez que plus du tiers du dérapage budgétaire du RER en Wallonie est lié à des exigences purement locales en matière d'urbanisme. C'est la Cour des comptes qui le dit", a rétorqué François Bellot.

La SNCB a donc donné de l'argent pour des travaux d'urbanisme autour des gares. "C'est ce qu'on appelle des charges d'urbanisme. On a dit 'Si vous voulez obtenir le permis, payez-nous ça'. Et on a considéré que le fonds RER est un fonds sans fond, sans limite. Le chantier qu'on a été inaugurer à Saint-Quentin (Flandre), qui traverse des régions très complexes, très compliquées, il y a beaucoup de pont, d'ouvrages d'art, etc. Mais les permis d'urbanisme ont été obtenus dans des délais records", a ajouté le ministre.


La clé de répartition 60% Flandre/40% Wallonie, responsable?

La chroniqueuse Mélanie Geelkens (journaliste au Vif/L'Express) a tenu à rappeler la clé de répartition défavorable à la Wallonie dans le dossier du RER. "Je me demandais si le dossier serait différent en Wallonie et à Bruxelles s'il n'y avait pas cette clé de répartition. On sait que dans le budget ferroviaire il y a 60% pour la Flandre et 40% pour la Wallonie, et que c'est assez inéquitable vu que le territoire wallon est plus grand et plus vallonné. Est-ce que le dossier serait plus avancé s'il n'y avait pas cette clé de répartition?", a-t-elle demandé au ministre.

"Non, parce qu'au départ les deux milliards avaient été répartis 60% en Flandre et 40% en Wallonie. Le problème c'est que dans ce dossier, il a souffert d'une absence de sens de la priorité et de l'urgence. Je vais prendre l'exemple du comité de pilotage. Il s'est réuni sept fois de 2009 à 2016. Le comité de pilotage devait à la fois valider les choix, les adjudications et suivre le dossier. Moi je l'ai remis en place en début 2017 et il s'est réuni 15 fois. L'accord tarifaire qui devait être obtenu en 2009 a été obtenu maintenant en 15 mois. On a forcé l'accord. C'est la preuve que ce dossier a manqué de méthode, de sens des priorités. Il fallait y aller et se retrousser les manches!", a conclu François Bellot.

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