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Après des débats houleux, l'abattage pourra continuer à se faire sans étourdissement: le gouvernement bruxellois est-il en danger après ce vote?

La Wallonie et la Flandre obligent toutes deux que l’on étourdisse les animaux avant de les abattre. Mais à Bruxelles, le Parlement vient de trancher : l’abattage pourra continuer de se faire sans étourdissement. La religion l’a-t-elle emporté sur la politique ? Le débat était lancé dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche.

La région de Bruxelles a rejeté vendredi un texte visant à bannir l'abattage rituel des animaux sans étourdissement préalable, ce qui continue d'isoler la capitale sur ce sujet par rapport à la Flandre et la Wallonie. Au Parlement régional de Bruxelles, à l'issue de plusieurs semaines de débats houleux, un projet d'ordonnance visant à interdire l'abattage sans étourdissement a été rejeté vendredi. Il était combattu par la plupart des élus PS et Ecolo.

L'association de défense des animaux Gaia a jugé de son côté "hallucinant" que les députés bruxellois ignorent le consensus scientifique ayant établi que les animaux d'élevage souffrent bien davantage lors de l'abattage s'ils n'ont pas été étourdis au préalable.

Il faut voir ça de manière globale

"En tant que vétérinaire et scientifique, il y a un consensus: les animaux qui ne sont pas étourdis avant l'abattage souffrent plus. C'est une souffrance inacceptable et c'est un échec pour le bien-être animal", a lancé Jonathan de Patoul, député bruxellois - DéFI. "Mais il y a également plein d'autres facteurs qui jouent sur la question du bien-être animal. Il faut voir ça de manière globale", a justifié Marie Lecocq, députée bruxelloise - Ecolo. 

Les conclusions de la commission tendant au rejet du texte ont été validées à une courte majorité, par 42 voix "pour", 38 "non" et huit abstentions. Jonathan de Patoul, député bruxellois - DéFI, a confié "regretter ce vote" et insisté sur l'importance de diminuer la souffrance animale dans les abattoirs. À l'issue de ce vote, le gouvernement bruxellois est-il en danger? Les dissonances sur la question de l'abattage sont-elles une menace? "Non", répond clairement Jonathan de Patoul.

"Il y a avait un accord de majorité pour dire qu'il y avait une liberté de vote sur ce sujet. On ne peut pas en vouloir, et je n'en veux pas. Je respecte les opinions. C'est la démocratie, elle a parlé. Ça n'empêche que l'on pourra y revenir dans le futur", a résumé le député. 

"Ne pas stigmatiser deux communautés"

Pour Alexia Bertrand, cheffe de groupe au Parlement de la région de Bruxelles-Capitale - MR, la religion l'a emporté sur la politique. "Dans notre parti, la ligne a toujours été claire: nous sommes le parti qui a rapporté le plus de voix en faveur de l'étourdissement. C'est une question de bien-être animal. La religion l'a-t-elle emporté? Oui je pense qu'il y a eu des pressions communautaires très fortes à Bruxelles. Au MR, nous avons toujours lutté contre le communautarisme et en même temps, nous avons le plus grand respect pour toutes les convictions philosophiques et religieuses", a-t-elle indiqué. La cheffe de groupe a rappelé les conclusions de la Cour de justice de l'Union Européenne assurant qu'une compatibilité existe entre bien-être animal et liberté de culte. 

De son côté, Philippe Markiewicz, président du Consistoire central israélite de Belgique, parle d'une "victoire de la démocratie et du bien-être animal". "Parce que Bruxelles est aujourd'hui conscientisée à ce problème. Ce débat doit être analysé dans sa globalité et pas en stigmatisant deux communautés (...) On ne met pas les Juifs et les Musulmans dans un coin", a-t-il estimé. 

Une décision importante également pour les abattoirs d'Anderlecht qui procèdent notamment à l'abattage rituel (halal et casher) sans aucune méthode d'étourdissement. "Ce qui est important par le résultat de ce vote est que l'on peut maintenir l'emploi. Ça donne un peu de stabilité pour quelques années", estime Paul Thielemans, membre des abattoirs d’Anderlecht.

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