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"Arthur", l'album politique des Kinks réédité 50 ans après

En pleins remous autour du Brexit, le disque des Kinks "Arthur, or the Decline and Fall of the British Empire" est réédité, 50 ans après, avec une drôle de résonance.

Publié en 1969 avec ses 12 titres originaux, "Arthur ou le déclin et la chute de l'empire britannique", album concept, ne connaîtra qu'un succès critique, et seule la chanson "Victoria" aura l'honneur de grimper quelques marches dans les charts.

Conteur hors-pair, le leader du quartet anglais Ray Davies, 75 ans aujourd'hui, s'inspire alors de l'histoire vraie de sa soeur Rosie et de son mari Arthur qui émigrent en Australie. Avec cet "opéra pop contemporain", "documentaire", comme il l'a souvent présenté, il voulait parler de ces "désabusés de l'Angleterre de l'après Seconde Guerre mondiale, qui se sont sentis trahis" avec un horizon social bouché, comme il l'expose à l'AFP.

A l'entendre aujourd'hui, pas grand chose n'a changé. Ray Davies continue de dénoncer "la manipulation des informations" par les pouvoirs en place. Il y a 50 ans, il chantait dans "Brainwashed": "Tu ressembles à un véritable être humain/Mais tu n'as pas de pensée par toi-même".

- "Trafiquants d'êtres humains" -

Dans la chanson-titre "Arthur", il dépeignait un jeune homme "de la classe ouvrière", avec "tant d'ambition", mais toujours "pris de vitesse par ceux qui prennent les grandes décisions".

Résultat, ses personnages partaient pour l'Australie, pays censé être "sans distinction de classe". Aujourd'hui, la quête d'un eldorado, ce "Shangri-La", autre titre, conduit à des drames, comme ces 39 personnes retrouvées mortes dans un camion à l'est de Londres. "Des victimes de trafiquants d'êtres humains", déplore auprès de l'AFP Ray Davies.

En plein tumulte autour du Brexit, Ray Davies s'émeut de la "montée des nationalismes". Comme un écho au texte acide de "Yes Sir, No sir" d'il y a 50 ans.

Et Ray Davies regarde plus loin que son île et s'inquiète du poids de "Marine Le Pen en France", préconisant: "Il faut des alternatives".

Comme à chaque événement autour des Kinks, la machine à rumeurs s'emballe autour de ce groupe mythique, qui n'a plus sorti d'album studio depuis 1993 et ne s'est plus produit sur scène depuis 1996.

Alors on pose à Ray Davies les sempiternelles questions: un nouveau disque est-il possible ? Le groupe peut-il se reformer en concert comme l'ont fait tant d'autres formations des années 1960-70?

- "On verra ensuite" -

"Travaillons sur de nouvelles chansons d'abord, on verra ensuite", se contente de répondre l'auteur de la fulgurance rock "You really got me".

Ce n'est pas la première fois qu'il laisse entendre que de nouveaux titres sont en préparation et la prudence s'impose. Il y a pourtant des signes que les fans ne manqueront pas d'interpréter.

Les deux frères du groupe, Ray et Dave, ont été brouillés. Or dans le riche coffret "Arthur" publié le 25 octobre (4 CD de 81 titres au total, dont 5 inédits et 28 versions inédites, des démos, etc), on trouve notamment l'album solo de Dave, trop longtemps resté dans les tiroirs.

Il est présenté comme "le grand album perdu de Dave Davies". Qu'en pense son frère Ray? "Je l'aime bien ce disque", confie-t-il, parlant affectueusement de ce petit frère - 72 ans aujourd'hui - qu'il a encouragé "à en faire plus".

Quand on lui dit que le riff de "Creeping Jean" de Dave est efficace, Ray rétorque: "Je préfère Lincoln County". Dans le livret de 68 pages qui accompagne "Arthur", Ray fait l'éloge de ce morceau sur Billy the Kid, dont il aurait "aimé en écrire" les couplets. Un beau compliment de la part d'un des meilleurs paroliers des années 1960-70.

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