Accueil Actu

Cannes: pour Asghar Farhadi, "il faut exprimer son soutien" à Panahi

Montrer en festival les films de réalisateurs iraniens sous surveillance, comme celui de Jafar Panahi à Cannes cette année, est utile pour eux "en tant que cinéastes" même si cela n'a pas forcément d'incidence sur leur "situation personnelle", estime son compatriote Asghar Farhadi.

"Il faut essayer, il faut prendre les mesures que l'on peut prendre pour exprimer son soutien et faire en sorte qu'il puisse venir. Mais il ne faut pas oublier que l'essentiel pour lui et pour un cinéaste, c'est que son film soit vu", a expliqué à l'AFP Asghar Farhadi, réalisateur du film d'ouverture du 71e Festival de Cannes, "Everybody Knows", avec Penélope Cruz et Javier Bardem, qui sera projeté mardi soir.

Jafar Panahi, l'autre réalisateur iranien en lice cette année pour la Palme d'or avec "Three Faces", ne devrait pas pouvoir venir défendre son film en France, étant interdit de travailler et de voyager par les autorités iraniennes. Lundi, le délégué général du Festival Thierry Frémaux a reconnu ne pas être très "optimiste" sur sa possible venue. Le film doit être projeté samedi soir en compétition.

"Je ne suis pas très optimiste parce que pour l'instant, il n'y a eu aucun signe de détente", a indiqué également à l'AFP Asghar Farhadi, quelques jours avant l'ouverture du festival.

"Mais ce qui me réjouis, c'est de voir que malgré les restrictions qui pèsent sur lui et la situation dans laquelle il est placé depuis des années, il ne s'est pas laissé abattre, il n'est pas devenu quelqu'un d'isolé, de déprimé, mais qu'il a continué le travail", a-t-il ajouté.

Selon M. Farhadi, les invitations dans des festivals sont utiles pour les artistes dans sa situation: "cela les aide en tant que cinéastes dans leur travail, parce que leurs films sont vus". "Mais en ce qui concerne leur situation personnelle, je ne pense pas du tout que ça les aide. Au contraire, cela peut irriter ceux qui font peser sur eux ces restrictions", a-t-il ajouté.

Jafar Panahi a été condamné en 2011 à six ans de prison et 20 ans d'interdiction de réaliser ou écrire des films, voyager ou s'exprimer dans les médias, pour "propagande contre le régime" après avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique.

Détenu pendant deux mois en 2010, il bénéficie d'une liberté conditionnelle, qui peut être révoquée à tout instant. Ce qui ne l'a pas empêché de remporter en 2015 l'Ours d'or du Festival de Berlin pour "Taxi Téhéran", réalisé clandestinement en Iran.

À lire aussi

Sélectionné pour vous