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Dans les campus, un nouveau baby-foot hommes-femmes pour davantage d'égalité

Sur le terrain, figurines d'hommes et de femmes se disputent le petit ballon rond: "C'est grâce à ces petits gestes que l'on déconstruit les stéréotypes", s'enthousiasme Louise, étudiante, devant le baby-foot "inclusif" installé jeudi sur un campus de la faculté d'Aix-Marseille.

"Je m'étais jamais posé la question que dans un baby-foot il n'y avait que des joueurs hommes, blancs de surcroît", confie la jeune femme en 4e année d'un master de sport (Staps).

Devant elle, le flambant neuf baby-foot mixte casse les codes et mêle dans une même équipe, femmes et hommes de couleurs, revêtus des maillots bleu et blanc de l'université Aix-Marseille.

Au total, huit baby-foot masculins-féminins seront installés dans différents campus d'Aix-Marseille université (AMU), pionnière dans cette démarche en France.

"Le baby-foot est un symbole fort, un objet de la culture populaire", souligne Nolwenn Lecuyer, vice-présidente à l'égalité femmes-hommes et à la lutte contre les discriminations de l'AMU.

La présence de joueuses "permet désormais de déconstruire tout ce qu'il contient de masculinité (...) et de virilité: des joueurs hommes qui jouent dans un bar entre eux, parfois violemment", poursuit-elle.

A ses côtés, le visage radieux, l'ex-footballeuse internationale Nicole Abar se délecte de l'enthousiasme suscité par son invention.

A son époque, les joueuses de foot étaient considérées comme des garçons manqués et ignorées des médias et du public. "Moi, je préférais dire qu'on était des filles réussies", rappelle-t-elle.

- Déconstruire les stéréotypes -

L'été dernier, elle a présenté pour la première fois ces baby-foot mixtes lors de la Coupe du monde féminine en France, une compétition qui fut un succès populaire au-delà des espérances.

Elle a voulu prolonger l'élan en demandant au leader du marché du baby-foot, l'entreprise française Bonzini, d'ajouter à son catalogue des joueuses, que leurs clients pourront désormais commander.

"Il faut déconstruire l'inconscient collectif et l'université est un domaine immense où les étudiants peuvent être des ambassadeurs et ambassadrices de l'égalité", estime la sexagénaire qui n'a pas voulu concevoir un baby-foot féminin mais bien mixte.

Pour l'ancienne internationale, il ne s'agit pas de reproduire des discriminations. "Hommes et femmes doivent jouer dans la même équipe, les talents doivent s'ajouter", insiste celle qui veut faire passer un message "positif".

"C'est une très bonne initiative ce baby-foot, ça permet de se remettre en question", observent Louise et ses copines qui en réfléchissant se rendent compte qu'un baby-foot reflète les stéréotypes présents sur les vrais terrains.

"Quand on jouait au foot en primaire, les parties étaient toujours à l’initiative des garçons et il fallait leur prouver qu'on pouvait jouer dans leur équipe, alors qu'un garçon même mauvais joueur avait automatiquement sa place", souligne Alizée.

"Nous sommes une génération qui sait que ce n'est pas normal de faire des discriminations entre les genres et les races, la société évolue et c'est bien que les objets du quotidien suivent", partage encore Matéo étudiant en biologie informatique.

Selon la Fifa, la dernière Coupe du monde féminine a rassemblé plus d'un milliard de téléspectateurs ("viewers") à travers le monde sur l'ensemble des plateformes (TV et réseaux sociaux), du jamais vu dans l'histoire du foot féminin.

Toutefois, les 24 équipes de femmes du Mondial-2019 se sont partagées 30 millions de dollars (plus de 27 millions d'euros) ... contre 400 millions de dollars (363 millions d'euros) pour les garçons à la Coupe du monde 2018.

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