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Théâtre: "la violence du regard social" au coeur de la programmation du Théâtre national de Bretagne

Pour sa deuxième année à la tête du Théâtre national de Bretagne (TNB), Arthur Nauzyciel entend poursuivre sa programmation très internationale et décoiffante, en mettant l'accent sur "la violence du regard social" et "la marge", a-t-il annoncé mercredi en présentant la saison 2018-19.

Les spectacles, dont dix créations en résidence, "auront en commun les thèmes de la palpitation du corps, de la violence du regard social, de la marge, du lien entre l'homme et l'animal, de l'oppression faite aux femmes, du corps exploité, soumis, malade", a expliqué le dramaturge.

"La reconnaissance de l'autre est loin d'être acquise aujourd'hui", a-t-il ajouté devant la presse pour expliquer la priorité de montrer des pièces d'autres continents, parfois dans leur langue d'origine, avec traduction surtitrée. Dans cette même volonté de "décloisonnement", il a invité par exemple le chorégraphe Rachid Ouramdane a évoquer la migration, dans "Franchir la nuit", où des enfants migrants participent aux représentations.

De nombreux pays verront leurs sensibilités et cultures s'exprimer devant un public rennais de plus en plus jeune: Israël, Iran, Egypte, Rwanda, Cap-Vert, Japon, Islande, Afrique du Sud, Russie, Angleterre, Etats-Unis, Irlande, Bénin, Suisse.

Le TNB proposera notamment une trilogie (Timeless, Hearing et Summerless) d'un des metteurs en scène iraniens les plus connus, Amir Reza Koohestani.

En ouverture de la saison, Arthur Nauzyciel présentera sa nouvelle création, La Dame aux camélias, d'après l'oeuvre d'Alexandre Dumas fils, qui "au-delà de sa dimension romantique, traite de la marchandisation du corps". "On avait pensé ce projet bien avant le mouvement #MeToo" contre le harcèlement, a-t-il observé.

Le TNB est dirigé pour la première fois en 26 ans par un artiste qui a beaucoup travaillé à l'international, notamment aux Etats-Unis. Il a réformé le projet pédagogique de son école et de son concours pour la rendre accessible aux jeunes issus de milieux "où la culture est absente", une réforme qui, a-t-il reconnu, "a été un peu polémique".

M. Nauzyziel a défendu cette "mission de service public" du théâtre. La distinction entre public et privé est "mon cheval de bataille, et cette utopie est toujours portée par des hommes et des femmes qui habitent ces lieux", a-t-il insisté, alors même que, dans la politique culturelle, "on tend à flouter de plus en plus la ligne entre le public et le privé".

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