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Cyberharcèlement: procès d'un étudiant jugé pour avoir menacé une journaliste

Le procès d'un des cyberharceleurs soupçonné d'avoir menacé la journaliste Nadia Daam, après une chronique sur Europe 1 dans laquelle elle dénonçait une campagne de haine à l'encontre de deux militants féministes, a débuté mercredi soir à Rennes.

Le prévenu Charlie V., 27 ans, qui encourt trois ans de prison et 75.000 euros d'amende, est jugé au tribunal correctionnel pour "menace de crime contre les personnes matérialisée par écrit, image ou autre objet". Grand, teint pâle et veste en cuir, il était présent à l'audience, tout comme Nadia Daam, 40 ans.

Cet étudiant qui prépare l'agrégation de philosophie avait posté sur le forum Blabla 18/25 du site jeuxvideo.com des propos outranciers, parmi lesquels "j'aimerais baiser son cadavre pendant que son mec regarde". L'homme avait été retrouvé après dix mois d'enquête.

Les faits se sont déroulés début novembre 2017: Nadia Daam critique à la radio une virulente campagne menée sur le forum Blabla 18/25 à l'encontre de deux militants féministes, Clara Gonzales et Elliot Lepers, qui oblige ces derniers à désactiver la ligne téléphonique "anti-relou" qu'ils avaient créée pour décourager les auteurs de harcèlement.

Dans sa chronique, la journaliste qualifiait le sulfureux forum de "poubelle à déchets non recyclables d'internet".

Quelques minutes après, la journaliste devient la cible d'une violente campagne de cyberharcèlement, avec menaces de mort et de viol contre elle et sa fille, diffusion de leur photo et adresse, piratage des comptes sur les réseaux sociaux de la journaliste, etc. Des individus étaient également venus frapper à la porte de son appartement en pleine nuit.

Après les faits, la journaliste avait dû déménager et sa fille quitter le collège dans lequel elle était scolarisée. Elle est aujourd'hui journaliste sur Arte et n'est plus chroniqueuse sur Europe 1.

L'avocat du prévenu, Me Frédéric Birrien, a estimé les propos "nauséabonds et nauséeux" mais "non constitutifs du délit de menace de mort stricto sensu".

Au total, six cyberharceleurs sont poursuivis devant la justice. Deux ont été jugés à Paris en juillet 2018 et quatre le sont en province, dont un à Rennes. Un septième, mineur, a fait l'objet d'un rappel à la loi. "Jusqu'ici ce sont des peines d'emprisonnement avec sursis, peines d'amende et de dommages intérêts qui ont été prononcées", a précisé l'avocat de la journaliste Me Eric Morain.

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