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La bataille pour la cagnotte de l'ex-boxeur Dettinger devant le tribunal mercredi

La plateforme Leetchi avait-elle le droit de bloquer la cagnotte de soutien à l'ex-boxeur Christophe Dettinger, condamné pour avoir frappé des gendarmes lors d'une manifestation des "gilets jaunes" ? Ou l'argent des milliers de donateurs devra-t-il être versé au couple Dettinger ?

La justice examine mercredi ces questions.

- Soutien à un "boxeur gilet jaune" -

Un proche de Dettinger ouvre la cagnotte le 6 janvier, moins de 24 heures après qu'il a été filmé en train de frapper des gendarmes lors de heurts entre "gilets jaunes" et forces de l'ordre à Paris - il sera condamné un mois plus tard à un an de prison, aménagé en semi-liberté. Christophe Dettinger est désormais, selon RTL, placé sous bracelet électronique.

La cagnotte est ouverte sur la plateforme de dons en ligne Leetchi, en soutien à "un boxeur gilet jaune" - puis "à Christophe Dettinger" une fois son identité révélée, "pour qu'il ne soit pas le seul à payer".

"L'intégralité de la cagnotte sera reversée pour sa famille et lui-même", promet le descriptif.

- Polémique et clôture de la cagnotte -

D'abord introuvable, Dettinger s'explique dans une vidéo puis se rend à la police. Pendant sa garde à vue, le montant de la cagnotte atteint plusieurs dizaines de milliers d'euros.

Au sein du gouvernement et chez les policiers, des voix s'élèvent pour condamner une cagnotte jugée "immorale", "choquante". Elle "subventionne la violence" contre les forces de l'ordre, estimera le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

Au bout de deux jours, Leetchi décide de la clore, et "s'engage" à ce que les fonds ne servent qu'à financer les frais d'avocats de Dettinger. "Compte tenu des actes reprochés à Christophe Dettinger, aucune autre utilisation de la cagnotte ne saurait être acceptée", dit la plateforme.

En deux jours, elle a accumulé près de 130.000 euros selon Leetchi, environ 145.000 selon les Dettinger qui affirment que Leetchi a remboursé des participants.

Cinq mois plus tard, les fonds sont toujours bloqués et les procédures en justice sont multiples.

- Leetchi saisit la justice pour bloquer les fonds -

Fin janvier, l'organisateur demande le versement de la cagnotte.

Quelques jours plus tard, Leetchi l'assigne devant le tribunal d'Evry, pour pouvoir bloquer les fonds. Première raison, dit la plateforme : le bénéficiaire a changé (l'organisateur a demandé à ce que les fonds soient versés sur le compte de l'épouse du Dettinger, au lieu du compte-joint du couple initialement désigné). Deuxième raison, l'organisateur "ne fournit pas les devis d'honoraires d'avocats correspondant à l'objet de la cagnotte".

Leetchi assure avoir "compris" d'une conversation téléphonique avec l'organisateur que les fonds étaient destinés à couvrir les frais d'avocat, même si le descriptif de la cagnotte ne l'a jamais mentionné. L'organisateur assure que Leetchi "ment" et a toujours désigné l'épouse de Dettinger comme bénéficiaire.

- Les Dettinger saisissent la justice pour débloquer les fonds... -

Le couple Dettinger et l'organisateur de la cagnotte assignent à leur tour la plateforme, à Paris cette fois. Pour eux, Leetchi a unilatéralement "détourné l'objet du contrat" en déclarant que les fonds serviraient aux frais d'avocats.

Les deux procédures ont été regroupées et se régleront devant le TGI de Paris mercredi.

- ... puis demander trois millions d'euros de dommages et intérêts -

Dans une autre procédure, l'épouse de l'ex-boxeur réclame environ trois millions d'euros de dommages et intérêts à la plateforme : la cagnotte serait restée ouverte un mois et demi si Leetchi ne l'avait pas fermée au bout de deux jours. Karine Dettinger a donc multiplié ce que la collecte avait rapporté par le nombre de jours manquants.

- Et les donateurs s'en mêlent -

Mi-avril, 40 donateurs de Leetchi saisissent à leur tour la justice en portant plainte pour abus de confiance.

A travers cette cagnotte, expliquent-ils, ils voulaient "montrer la solidarité du peuple des gilets jaunes" et sont "extrêmement choqués" par l'attitude de Leetchi, qui avait, rappellent-ils, plusieurs fois souligné pendant la polémique que la cagnotte était légale.

"En retenant abusivement" ces fonds, la société "se comporte comme un véritable censeur moral", dit la plainte. Ils réclament chacun un euro symbolique.

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