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Les tests de Mathieu: la vision du smartphone et de l'audio par Sony, un doux parfum de nostalgie

Xperia 1 IV, WH-1000XM5... ces noms ne vous disent probablement rien, or ils sont les symboles d'une manière sophistiquée et assez puriste d'envisager l'électronique grand public en 2022. J'ai utilisé ce matériel haut de gamme durant 2 semaines, et voici mes conclusions.

Il est de ces marques qui semblent figées dans le temps. Comme s'il voulait être fidèle à une vision poétique du Japon, que certains clichés rangent dans la case "tradition & héritage", Sony évolue à son rythme. Le géant nippon de l'électronique, qui a inventé bien des appareils au 20e siècle, est comme un roseau en pleine tempête numérique: il plie en ratant quelques virages, mais ses solides racines électroniques, surtout en audio & vidéo, l'empêchent de rompre.

Année après année, Sony persiste à sortir des smartphones hors du temps: écran courbé, charge très rapide, lecteur d'empreinte sous l'écran… ces basses considérations sont laissées aux armadas chinoises et coréennes, qui écoulent des milliards d'appareils tous les ans.

Le Xperia 1 IV (oui, même son nom est hors du temps) est la vision ultime du smartphone en 2022 pour Sony. Un appareil qui se concentre sur certaines forces de l'entreprise: des options d'enregistrement photo et vidéo inédites, un écran fidèle à l'industrie du cinéma, un port jack pour garantir une sortie sonore la plus pure possible sur un smartphone. Soyons clairs, il s'agit de trois thématiques pas très convaincantes pour le grand public. Mais ce n'est pas la cible de Sony, c'est tout aussi clair !


 

Du très haut de gamme, à commencer par le prix

De toutes façons, le prix mettre tout le monde d'accord: 1.399€. Hors du temps, je vous disais. Bien entendu, vous avez le meilleur processeur du moment (Snapdragon 8 gen 1), 12 GB de RAM et 256 GB de stockage interne. De quoi faire tourner toutes les applications et les jeux aussi rapidement que possible. A cela s'ajoutent l'étanchéité certifiée, un bel écran 4K avec rafraichissement à 120 Hz et 3 capteurs 12 MP à l'arrière: un principal, un grand angle et un zoom périscopique optique allant de 3,5X à 5,2X.

Deux ombres au tableau, cependant. La première est assez étonnante dans cette gamme de prix, vu la concurrence sur Android: il n'y a pas de chargeur dans la boite, et il faut se contenter d'une charge de maximum 30W si vous trouvez le transformateur adéquat. Une charge qui peut être qualifiée de lente en 2022, sachant qu'Oppo, OnePlus et Xiaomi offrent du 120W ou du 80W dans des appareils milieu de gamme ! La belle batterie de 5.000 mAh du Xperia 1 IV peut heureusement être chargée sans fil, mais vu la très haute définition de l'écran, la puissance et la surchauffe, elle n'a pas une durée de vie extraordinaire (comptez environ 20% de moins que le haut de gamme de chez Samsung ou Oppo).

Autre petit problème: la surchauffe. Si vous jouez, si vous chargez votre appareil sans fil, si vous streamez un film en haute définition, l'appareil chauffe très vite. Plus que la concurrence sous Android, à nouveau, qui a développé des chambres de refroidissement que je pensais inutiles avant d'utiliser quotidiennement le Xperia 1 IV.


Du cinéma ?

Je vous l'ai dit, Sony a l'air de sortir un smartphone pour les cinéastes ou les réalisateurs. Le Xperia & IV tourne sous une version très épurée d'Android 12, on est assez proche de ce que propose Google. Il y a un mode multifenêtres qui se lance via la petite barre verticale située à droite de l'écran, près du pouce. Pas très intuitif à prendre en main, il a le mérite d'exister sur ce format très 21:9, donc très étroit.

Non, ce qui est propre à Sony quand on se penche sur l'interface des Xperia, ce sont les applications liées à la prise de vu. Photo Pro, Cinema Pro, Video Pro et Music Pro. On n'est pas là pour rigoler.

Photo Pro est celle que vous utiliserez sans doute le plus, car c'est l'application de base pour prendre des photos. Par défaut, elle est réglée sur le mode BASIC: l'interface est typique aux smartphones, avec un gros bouton blanc de déclenchement virtuel sur la droite ou le bas de l'écran. Tout est automatique, il suffit de viser et d'appuyer. Dans ce mode, il y a un interrupteur pour passer en mode vidéo. Par contre, dès que vous quittez ce mode BASIC, on a l'impression d'utiliser un appareil photo (et uniquement photo…) haut de gamme, avec une interface riche en options (comme sur un reflex) mais peu accessible aux novices. Même le mode AUTO ajoute un tas de possibilités réservées aux amateurs de photographie. Si on est globalement au niveau de la référence Oppo Find X5 Pro dans la plupart des circonstances de prises de vue (même si Sony est meilleur dans la pénombre), le zoom, pourtant périscopique chez Sony (agencement de lentilles), s'avère moins performant que chez le concurrent chinois, test à l'appui.


 

Le mode Video Pro, c'est le même principe, mais avec une interface pensée pour la prise de vidéo. Là aussi, il faut des connaissances ou des envies d'enregistrement vidéo très spécifiques au niveau de la luminosité, de la mise au point, etc. Sachez qu'on peut enregistrer jusqu'en 4K / 120 images par seconde avec l'application Video Pro. Mais ça va chauffer, et le disque dur de 256 GB sera vite saturé… Comme pour la photo, les vidéos de Sony brillent par le côté pro, naturel et fidèle à la réalité, là où la concurrence veut flatter la rétine des utilisateurs avec des couleurs plus chatoyantes, des contrastes plus prononcés.

Music Pro et Cinema Pro sont encore plus niches (interface et profils colorimétriques similaires aux appareils professionnels de Sony CineAlta, options plus orientées "cinéma et studio") qu'il est délicat de décrire leur pertinence pour le grand public. L'intérêt, en tous les cas, est d'offrir des options d'enregistrement et d'édition audio et vidéo inédite sur un téléphone. J'ai joué un peu avec ces applications, et aucun doute: les musiciens et les vidéastes qui veulent tenter de "travailler" uniquement avec un smartphone (et un micro externe, sans doute) peuvent tenter l'aventure, ils ne seront pas perdus !

Ajoutez à cela un mode 'Vibration dynamique' paramétrable qui fait trembler le smartphone en fonction du son de la musique ou de la vidéo jouée, ainsi que l'application Bravia Core gratuite pendant 1 an (il s'agit d'une application de vidéos à la demande, avec tous les grands succès de Sony Pictures, l'une des filiales américaines de Sony qui produit et distribue des films et des séries) ; et vous avez là un smartphone résolument orienté "image" et "cinéma".

Et le casque qui va avec…

Pour faire profiter vos oreilles de cet appareil et de son contenu premium, vous seriez bien avisé de vous offrir le dernier casque nomade de Sony, le WH-1000XM5. Car dans le domaine des casques audio sans fil mais avec réduction active de bruit, la situation est différente: Sony est LA référence depuis quelques années, distançant Bose, autre pionnier dans le domaine.

Le cru 2022 ne surclasse pas spécialement le cru 2021 de Sony, à savoir le WH-1000XM4. Et même si vous possédez un WH-1000XM3, l'écart avec le 5 ne vaut pas la peine d'ouvrir son portefeuille (car il faut tout de même compte 390€ en Belgique).


 

Mais j'ai pu le tester et tant la qualité audio (que ce soit avec la musique ou les vidéos) que l'isolation passive (les oreilles sont bien enveloppées et coupées du monde) et active (système très performant d'analyse et d'annulation du bruit ambiant).

On a l'impression d'être au milieu de la scène d'un concert car tous les éléments sonores se détachent les uns des autres et la voix est magnifiée. Et on a l'impression d'être seul sur cette scène. J'ai rarement connu un tel niveau de sérénité dans ce monde devenu très bruyant. 

Comme toujours avec Sony, le casque est agrémenté d'une application Headphones très complète, permettant de configurer l'audio, l'annulation du bruit et le son 360, avec des options qui n'existent pas au niveau de la concurrence. Et comme pour le smartphone, ça passe par une interface très complète et parfois lourde, à défaut d'être simple et intuitive...

Conclusions

Si du côté du casque, Sony a la bonne formule (on n'est pas obligé d'utiliser toutes les options disponibles du logiciel et le matériel est le meilleur), c'est plus délicat de vous conseiller de craquer pour le Xperia 1 IV. A 1.399€, cet OVNI du marché des smartphones, qui ne suit pas les codes et proposent un appareil pour les puristes (voir les pros...) de l'audio et de la vidéo, oublie quelques options devenues essentielles dans cette gamme de prix. À commencer par une charge rapide digne de ce nom (et pas un chargeur - à acheter séparément - de seulement 30W), un design plus moderne et un capteur d'empreinte sous l'écran... L'art de vivre à la japonaise, si on peut l'appeler ainsi, a ses limites. Les propositions de Sony pourraient s'accompagner d'une fiche technique haut de gamme au niveau de la concurrence chinoise ou coréenne.


 
 
 

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