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VivaTech: les start-up françaises foisonnent, mais ont encore du mal à grandir

Le salon des start-up VivaTech qui s'ouvre jeudi à Paris incarne le dynamisme incontestable des jeunes pousses en France, dont tous les indicateurs sont au vert... sauf un, celui de la capacité à devenir des poids lourds internationaux.

En terme d'investissements reçus des fonds de capital risque, les start-up françaises pointent nettement derrière le Royaume-Uni, mais au coude à coude avec l'Allemagne, selon les différents baromètres existants.

Selon un baromètre EY, les entreprises françaises ont ainsi levé 3,6 milliards d'euros de capital risque en 2018, contre 4,4 milliards pour les allemandes, et 7,4 milliards pour les britanniques.

Les start-up françaises bénéficient d'une attractivité technologique indéniable, estiment les experts.

Elles "sont souvent marquées par un très bon niveau de maturité technologique", souligne ainsi Antoine Bascheira, le patron d'Early Metrics, une agence de notation de start-up qui travaille pour les fonds d'investissement et les grands groupes.

Elles ont tendance à "être des sociétés relativement avancées, avec des produits stables assez tôt dans leur histoire, avec un bon niveau d'innovation, sur beaucoup de secteurs d'activité", ajoute-t-il en notant aussi que "les ponts entre la recherche publique et les start-up fonctionnent plutôt bien".

La France jouit d'une image "de prestige, de qualité" dans la technologie, associée à ce que ses ingénieurs ont été capables de faire dans l'industrie nucléaire, l'espace, ou les télécommunications, renchérit David Gurlé, le fondateur et patron de Symphony, qui commercialise un outil de messagerie cryptée pour professionnels.

Cette entreprise de 300 salariés née dans la Silicon Valley a choisi Sophia Antipolis près de Nice pour implanter l'un de ses centres de recherche et développement, avec aujourd'hui une trentaine de salariés.

A côté d'un capital technologique évident, la France offre aussi aux start-up, couvées par le pouvoir politique depuis François Hollande, un environnement favorable pour leurs premières années d'existence.

"Pôle Emploi permet à beaucoup d'entrepreneurs de se lancer tout en ayant des indemnités s'ils ont travaillé avant", rappelle Antoine Bascheira: "le financement des phases initiales fonctionne très bien".

- Levées de fonds plus petites -

Les régions multiplient les dispositifs d'aide aux start-up et Bpifrance, la filiale de la Caisse des dépôts chargée du financement de l'innovation, joue un rôle considérable pour leur apporter les premiers fonds.

En 2018, elle a investi 328 millions d'euros dans le capital de jeunes pousses.

Bpifrance constitue même le premier investisseur direct dans les start-up, devant Kima, le fonds de Xavier Niel, le fondateur de Free.

Mais son rôle d'investisseur s'avère en réalité bien plus important, puisqu'elle est également un "fond de fonds", c'est-à-dire qu'elle finance des fonds d'investissement qui vont à leur tour investir dans des entreprises.

En 2018, Bpifrance a ainsi mis près de 1 milliard d'euros dans ces fonds d'investissement.

Pourtant, malgré ce dynamisme, la France ne compte encore aucun grand champion international du numérique.

La France boucle beaucoup de levées de fonds, mais les montants des opérations restent en général plus petits qu'en Allemagne et qu'au Royaume-Uni.

Selon le baromètre EY, les levées de fonds supérieures à 50 millions d'euros représentaient seulement 749 millions d'euros cumulés en France l'année dernière, contre plus du double en Allemagne, et plus du triple au Royaume-Uni.

"Sur les trois piliers des talents, du financement, et des partenaires (grands groupes puissants), la France est un marché assez complet", ce qui n'incite pas vraiment les start-up à s'internationaliser rapidement, explique Antoine Bascheira.

"Une start-up israélienne n'a pas de marché local et ne peut réussir sur son seul marché national. Une start-up française peut bien réussir sur son propre marché pendant 3, 5, 6 ans...", explique-t-il.

La France a peut-être encore une vision trop conservatrice des affaires pour percer dans le numérique, souligne de son côté David Gurlé.

"C'est parfois mal vu de dire à une start-up +ne t'occupe pas de rentabilité, occupe-toi de ta croissance+", regrette-t-il.

Pourtant, "il y a des phases de croissance massive qui requièrent des capitaux bien au-delà des conditions d'équilibre financier", souligne-t-il.

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