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Affaire Lactalis: après 4 mois d'enquête, la commission va bientôt livrer ses recommandations

La commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Lactalis dévoilera mercredi ses préconisations pour remédier aux dysfonctionnements apparus après la contamination à la salmonelle de 36 nourrissons ayant bu du lait infantile du géant laitier.

Quatre mois d'enquête ont permis d'auditionner des acteurs de l'administration, de la grande distribution, de l'agroalimentaire, du monde agricole ainsi que des ministres mais surtout le patron de Lactalis, longtemps réticent à venir s'expliquer.

Début juin, Emmanuel Besnier a essayé de justifier, pied à pied devant les députés et sénateurs, sa gestion de l'affaire dans une atmosphère tendue, ne concédant qu'un "accident" dans la survenue de cette crise.


Une épidémie de salmonellose

"C'est un accident, il n'y a pas de responsabilité de personnes à l'intérieur de l'usine", avait assuré M. Besnier.

Pourtant la recherche de salmonelle dans l'usine de Craon (Mayenne), rendue publique en décembre 2017 et le processus chaotique de retrait des laits dans les lieux de vente ont prêté le flanc à la critique. Ils devraient donc susciter des propositions chez les parlementaires.

Déjà, en 2005, une épidémie de salmonellose était partie de cette même usine, qui n'appartenait pas encore à Lactalis. La même bactérie de type salmonella agona était en cause, et avait contaminé 146 nourrissons.

En août et novembre 2017, Lactalis avait décelé deux fois des traces de salmonelles dans l'environnement de l'usine lors de contrôles internes. Mais la législation n'oblige les industriels à prévenir les pouvoirs publics que si des salmonelles sont découvertes directement dans les produits.

Selon les services de l'Etat, les prélèvements réalisés par l'administration de 2005 à 2017 ne "visaient pas la recherche d'agents pathogènes type salmonelles".


Vers une unification des contrôles ?

Lors des auditions, la piste d'une unification des contrôles, actuellement séparés entre le ministre de l'Agriculture pour l'amont (élevage, etc.) et Bercy pour l'aval (distribution) a été évoquée, mais le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'y est dit opposé.

Le processus de rappel/retrait des produits a également mis en exergue de nombreux dysfonctionnements, s'étant déroulé en plusieurs phases et via une communication erratique.

"Apprendre, pour deux des rappels, l'information par un communiqué de Bercy, c'est atypique; apprendre par un communiqué de Bercy la fermeture de l'usine de Craon, c'est atypique; (...) ne pas arriver à communiquer dans de bonnes conditions les motifs de retraits, c'est atypique", a ainsi détaillé le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, lors de son audition par la commission fin mai.

Intermarché a assuré que le premier rappel de produits portait sur un risque de gastroentérite et non de salmonelles.


Redémarrage de la production

Six mois après cette crise, Lactalis a pu reprendre la production de lait infantile début juillet, "sans commercialisation pour le moment et sous contrôle des services d'inspection", selon la direction générale de l'Alimentation (DGAL).

Le préfet a autorisé la remise en service de la tour de séchage N. 2 et des lignes de conditionnement pour produire de la poudre de lait infantile, cependant, la tour de séchage N. 1 du site, qui avait été contaminée par les salmonelles, est définitivement fermée.

Malgré les précautions du ministère comme de l'industriel et les garanties sur les contrôles avant commercialisation, l'association de consommateurs Foodwatch, qui a porté plainte en février, s'est déclarée "choquée" d'une telle décision.

"C'est le règne de l'impunité de décider de la réouverture de l'usine alors que ni les conclusions de l'enquête préliminaire judiciaire ni celles de l'enquête parlementaire ne sont encore connues", a déclaré à l'AFP Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch.

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