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Le docteur Eric Mertens voudrait plus de jeunes médecins: "Ce numerus clausus est une grosse bêtise"

Le docteur Eric Mertens, directeur médical Benelux chez MediQuality, un média dédié au corps médical, était l'invité du RTLInfo Bienvenue ce vendredi. Il a répondu aux questions de notre présentateur Olivier Schoonejans.

Le monde médical confronté à de la violence, à du harcèlement sexuel, des médecins qui partent en burn-out, des assistants qui demandent de meilleures conditions de travail... La profession de médecin va-t-elle mal? Est-elle en crise? Ce chiffre étonnant: 20% des médecins déclarent avoir vécu des comportements "hors cadre".

"Le comportement hors cadre, ça peut désigner des problématiques de harcèlement entre professionnels de santé mais aussi, et c'est ce qu'a révélé l'enquête que nous avions fait auprès de nos lecteurs, des comportements hors cadre la part des patients comme une tentative de séduction, une proposition claire et nette dans certains cas, ce qui met bien évidemment le médecin très mal à l'aise. Alors, évidemment, dans la plupart des cas, il peut le gérer et il assure la continuité des soins, il remet le patient à sa place, il propose que le patient soit suivi par un confrère ou par une consoeur pour rompre cette relation mais tout ceci s'inscrit dans un tout où on a des médecins dont dont le rôle n'est plus celui qu'il était auparavant".

Est-ce que le médecin a finalement perdu la place qu'il avait dans la société, une place un peu sacralisée?

"Je pense qu'il n'est pas le seul. Les enseignants sont logés à la même enseigne. C'est quelque chose que j'observe depuis 25 ans à l'expérience de la presse médicale en Belgique, dix ans au Grand Duché de Luxembourg. Les choses ont évolué. La médecine paternaliste a vécu, c'est une bonne chose, la profession s'est féminisée. Vous l'avez mentionné, les problématiques des assistants qui sont beaucoup moins nombreux qu'auparavant dans le monde médical engendrent une carence de médecins au niveau hospitalier. Le numerus clausus ou la restriction de la densité médicale voulue par les autorités amène des déserts médicaux en médecine générale. Tout ça s'inscrit dans une évolution qui est ressentie et qui peut expliquer effectivement des burn-out et autres".

Des médecins qui pourtant sont indépendants, qui gèrent leur temps et qui à un moment donné sont débordés par le nombre de patients... Ils ne veulent pas refuser du monde parce qu'ils sentent qu'ils doivent le faire pour leurs patients.

"Vous avez des médecins en région rurale, des médecins de 70-72 ans qui continuent à travailler et qui voudraient bien entrer en retraite et qui ne le font pas parce qu'ils n'ont pas de successeurs, homme ou femme, et qu'ils ne veulent pas abandonner leurs patients. C'est une chose qui explique le burn-out. D'autre part, la charge des tâches administratives qui sont demandées de plus en plus aux médecins. Alors, c'est un fait que la numérisation aurait pu ou pourrait améliorer les choses mais, en réalité, elle prend beaucoup plus de temps qu'elle n'en fait gagner".

Les médecins découragés: on peut dire quoi aux jeunes qui ont envie de se lancer ou aux gens motivés et passionnés?

"Alors, je dirais qu'il faut les encourager parce que ça reste une des plus belles professions qui soit, que ce soit en médecine spécialisée ou en médecine générale. Malheureusement, j'y reviens, ce que je considère comme une grosse bêtise, à savoir ce numerus clausus, surtout comme il est fait pour l'instant, nous prive de jeunes médecins qui ont la vocation, qui ont envie, qui ont les capacités et qui sont bloqués simplement parce qu'on doit par exemple en accepter 60 et qu'ils sont les 70es sur la liste... même s'ils ont réussi, c'est quelque chose qui est scandaleux".

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