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Les médecins continuent à prescrire beaucoup trop d'antibiotiques et c'est (en partie) de votre faute...

Les Belges sont les deuxièmes plus gros consommateurs d’antibiotiques des pays de l’OCDE.

Selon une étude des mutualités Solidaris, les jeunes médecins généralistes (de moins de 30 ans) prescrivent jusqu’à 30% moins d’antibiotiques que leurs collègues plus âgés (de 60 ans et plus), après prise en compte du profil de leur patientèle.

L’étude confirme que l’utilisation des antibiotiques en Belgique reste très élevée. Plus de 40% des affiliés des mutualités socialistes ont reçu au moins une prescription pour l’année épidémique 2015-2016. Les Belges sont les deuxièmes plus gros consommateurs d’antibiotiques des pays de l’OCDE. Seuls les Grecs et les Français en consomment encore plus.

Cela s'explique notamment par le fait que les recommandations des bonnes pratiques sont de plus en plus intégrées dans l'enseignement des facultés de médecine. Ce n'est pourtant pas la seule explication selon Anne Vergison, médecin directeur-adjoint chez Solidaris. Il semblerait que les jeunes praticiens soient moins soumis au lobby des entreprises pharmaceutiques et soient plus sensibilisés durant leurs études.


Plus de nouveaux antibiotiques sur le marché

"Les jeunes sont soumis à moins de marketing de la part des firmes pharmaceutiques. Il n'y a plus vraiment de nouveaux antibiotiques qui apparaissent sur le marché pour l'ambulatoire. La dernière fois, c'était en 2001. Ça veut dire que les antibiotiques ont vu leur prix diminuer parce que, au bout d'un certain temps, ils perdent leur brevet donc des génériques apparaissent et les prix diminuent très fort. Donc les firmes investissent beaucoup moins dans le marketing", indique-t-elle au micro de Céline Praile pour Bel RTL. 

Un quart des affiliés interrogés pensent encore que les antibiotiques sont efficaces contre les virus. Un patient sur huit demande à son médecin de lui prescrire des antibiotiques et dans 85% des cas le médecin répond favorablement à cette demande.


L’émergence de résistances bactériennes, véritable défi de santé publique

"On a une médecine assez libérale, on peut choisir son médecin. Je pense qu'il y a une crainte que si l'on ne satisfait pas le patient, il aille voir ailleurs", précise le docteur. De plus, certains diagnostics sont parfois difficiles à établir. "Dans la mesure où il y a une incertitude, parfois dans la peur de commettre une erreur de diagnostic, on se dit 'Je vais quand même prescrire au cas où et surtout si le patient le demande, de peur de se tromper et de se voir reprocher une erreur médicale après", ajoute Anne Vergison.

L’utilisation intensive d’antibiotiques est l’une des principales causes de l’émergence de résistances bactériennes, véritable défi de santé publique. En Belgique, la résistance bactérienne serait responsable chaque année de plus de 2.600 décès, 721.000 journées d’hospitalisation et plus de 380 millions de dépenses.


"Ça ne guérit pas tout"

Un tiers des répondants à l’enquête ont pris des antibiotiques l’année précédente. La plupart d’entre eux ont pris des antibiotiques pour une bronchite, une infection des voies urinaires, une plaie infectée ou une pneumonie. Les maux de gorge, refroidissements et grippes ont été renseignés par un petit nombre comme raison de prendre des antibiotiques.

"Ça ne guérit pas tout, ça ne guérit que les infections bactériennes (...) Le danger c'est de se retrouver face à une infection résistante aux antibiotiques. Des drames arrivent alors à l'hôpital quand c'est une infection grave", rappelle Dr Lawrence Cuvelier, médecin généraliste à Bruxelles, au micro de Vincent Chevalier.

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