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"C'est la Covid qui tue, pas le vaccin": à Lyon, la vaccination fait déjà recette

Le contraste est saisissant au Palais des sports de Lyon. Si la vaccination ouverte ce jeudi attire les foules, dont des candidats de plus de 75 ans encore non prioritaires, le pôle dépistage demeure étonnamment dégarni.

"Je n'ai même rien senti", se félicite Daniel David, 78 ans, après sa piqûre. Ce dernier avoue ne pas avoir conscience d'avoir pris son rendez-vous trop tôt.

Dans ce centre de vaccination, de nombreuses personnes âgées sont parvenues à devancer l'appel via le site Doctolib, alors que la campagne est censée ne concerner jusqu'à vendredi matin que le personnel prioritaire.

"Nos filles ont pris rendez-vous à notre place, car nous, on n'a même pas internet", se justifie M. David.

"Nous avons les capacités d'absorber les personnes non prioritaires. On n'est pas en saturation des plages horaires", explique Philippe Pin, directeur des achats et des ressources matérielles aux Hospices civils de Lyon (HCL). "De plus, ajoute-t-il, le fait de garder un flux tendu peut permettre de ne pas perdre de doses."

"Ce ne sera pas le cas tous les jours", nuance le docteur Jihane Fattoum, responsable du centre de vaccination.

Dans l'imposante halle sportive de 8.000 places, transformée depuis octobre en centre de tests Covid-19, la vaccination est ouverte du lundi au samedi de 8H30 à 20h00.

"Les personnes qui arrivent remplissent un questionnaire administratif, puis une fiche de santé pour vérifier s'ils présentent des facteurs de risque et passent alors, si besoin, devant des médecins. Ensuite, ils se font vacciner par les infirmières et s'assoient 10-15 minutes avant de repartir", détaille Mechtilde Bertrand, 21 ans, étudiante en 4e année de médecine, qui officie parmi les "aiguilleurs" du centre.

- 500 doses par jour -

Sous les tentes blanches disposées devant les gradins vides, on vaccine à un rythme soutenu dans sept boxes disposés derrière des paravents à la fin du parcours-patients.

"Environ 500 doses de vaccin doivent être utilisées chaque jour. Ca devrait monter dans les semaines qui viennent", explique M. Pin.

Les vaccins des HCL - uniquement des Pfizer-BioNtech - sont stockés dans des congélateurs à -80° sur des sites sécurisés. Décongelés dans la nuit, les lots sont acheminés chaque matin par la pharmacie centrale du groupe hospitalier et disposés dans des frigos réglés entre 3 et 8°C, où ils peuvent être conservés jusqu'à six jours. Une fois mélangées au liquide physiologique, ces doses doivent être administrées dans les 6 heures.

"J'avais vu à la télévision que c'étaient de grandes aiguilles enfilées dans le bras mais j'ai été surprise de ne rien sentir", se réjouit après la piqûre Christiane Kotov, 78 ans. "J'aurais bien voulu attendre de voir comment ça se passe pour ceux qui se font vacciner, mais mon mari m'a dit: +On meurt de la Covid, on ne peut pas mourir du vaccin+, donc il est là et moi aussi", plaisante-t-elle.

Alain Deblasi, ancien médecin de 74 ans, "ne comprend pas" pourquoi certains refusent de se faire vacciner. "On est un peuple râleur, mais tout le monde va s'y mettre. Regardez, si on m'avait dit que tout le monde porterait des masques aujourd'hui, j'aurais parié 2.000 euros que non. Or tout le monde le fait."

Henri Gidon, 75 ans, a aussi voulu profiter du privilège de se faire vacciner parmi les premiers, mais il est venu sans rendez-vous. "Ils m'ont dit de revenir début février", se désole-t-il.

A la fin du parcours, chaque vacciné prend date pour le rappel devant des guichets bien garnis qui contrastent avec ceux assignés au dépistage, totalement déplumés de l'autre côté de l'enceinte.

"Je ne comprends pas, plus personne ne vient se faire dépister, à part quelques cas contact et ceux qui partent en vacances aux Antilles", désespère Véronique, employée des HCL affectée au pôle tests qui voit passer quotidiennement environ 150 personnes, alors qu'en octobre jusqu'à 1.500 tests pouvaient être menés quotidiennement.

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