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Départ surprise de Hulot: le mince espoir d'"un électrochoc" pour l'écologie

Et maintenant? Les défenseurs de l'environnement, "orphelins" du ministre Nicolas Hulot, espèrent, mais sans grandes illusions, que sa démission puisse agir comme un électrochoc face à l'urgence climatique.

Face au constat d'échec, la déception est à la hauteur de l'espoir suscité par l'arrivée en mai 2017 de "l'écolo le plus populaire" de France, vu comme le mieux à même de peser dans un gouvernement peu ouvert à la cause verte.

"Ce matin on a le sentiment d'être un peu orphelins", confie à l'AFP Allain Bougrain-Dubourg, "pas surpris" pour autant par ce départ annoncé mille fois.

"Je regrette que ça s'arrête en chemin (...) Soit le président entend le message de Nicolas Hulot, soit il persiste, et c'est très inquiétant", ajoute le patron de la LPO, pour qui "tout dépendra du ministre qui sera choisi".

Le tout-terrain secrétaire d'Etat à la Transition écologique Sébastien Lecornu? Le président de l'Assemblée nationale François de Rugy? L'ex-ministre EELV et actuel DG du WWF France, Pascal Canfin? Quelques noms circulent.

Alain Juppé, éphémère ministre de l’Écologie en 2007, a pour sa part écarté toute "ambition gouvernementale".

"En fonction de la personne désignée, de son rang au sein du gouvernement, du périmètre du ministère, des premiers arbitrages... On verra bien si le gouvernement a pris la mesure de la décision de Nicolas Hulot", note la présidente de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH) Audrey Pulvar, qui "espère un électrochoc politique": "je voudrais y croire".

Mais "si Emmanuel Macron avait voulu +rendre sa grandeur à la planète+, il aurait mené un autre type de politique depuis un an", a-t-elle ajouté. "La difficulté de Nicolas Hulot est qu'il était seul dans ce gouvernement et que la politique menée globalement n'est pas réellement tournée vers la lutte contre le réchauffement climatique".

Sur France Inter, l'intéressé a expliqué l'absence de moyens, de "réponses" satisfaisantes, dès qu'"on rentre sur des choses très concrètes", qu'il s'agisse de rénover les immeubles passoires thermiques ou de nommer les réacteurs nucléaires à fermer.

- "Tout ne s'arrête pas là" -

Avec cette décision, Nicolas Hulot parviendra-t-il à secouer les consciences? "J'espère que le geste que je viens de faire sera utile, pour qu'on se pose les bonnes questions et que chacun se pose la question de la responsabilité", a-t-il dit.

Début août, en plein dilemme, il avouait son désarroi, selon des propos alors confidentiels publiés mardi par Libération: "Si je m'en vais, je dirai les choses… Et quinze jours après, on aura oublié, on sera passé à autre chose. Et ça consacrera une forme de défaite pour moi et pour l'écologie".

Depuis des mois de grandes voix de l'écologie l'appelaient à partir.

Comme son ami Dominique Bourg, président du conseil scientifique de la FNH, qui salue ce choix: "il donnait une caution et un faux semblant environnemental à ce gouvernement. Ça suffit maintenant !"

Pour le philosophe, qui avait voté Macron, c'est "un constat amer": "La difficulté, qui ne concerne pas que la France, est qu'on a des gouvernants aujourd'hui (...) pour qui le marché doit régler les problèmes".

Cette démission est "un élément qui, après un été suffocant, montre aux gens que si on continue comme on l'a fait jusque-là, on ne pourra répondre aux défis" du climat. "C'est un coup de semonce: on ne peut mener une politique néo-libérale de croissance et prétendre faire face aux enjeux de dégradation de la vie sur Terre. C'est faux! Maintenant que chacun médite ça!"

Pour Matthieu Orphelin, autre proche de Hulot, "ce n'est pas la fin du combat, tout ne s'arrête pas là". Le député LREM espère que tous les acteurs se ressaisissent, "dépassent leur façon de faire".

En attendant, d'autres voient la nécessité plus que jamais de faire bouger les rapports de forces via le terrain et les actions militantes d'une population de plus en plus consciente des impacts climatiques.

"Même quelqu'un avec une volonté et une aura fortes comme Nicolas Hulot n'arrive à rien faire (...) C'est par une mobilisation toujours plus forte des citoyens que se jouera cette bataille", estime Florent Compain, président des Amis de la Terre, co-organisateur d'une vaste tournée "Alternatiba" à travers la France cet été.

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