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Tour des Flandres: Sylvain Chavanel s'interroge sur le report

Si le peloton place le Tour des Flandres, prévu à l'origine dimanche, parmi les événéments de l'année cycliste, son report probable à l'automne chamboule la perspective, de l'avis de Sylvain Chavanel qui reste le seul coureur français depuis le début du siècle à y avoir frôlé la victoire.

"Est-ce que ça vaut la peine ?", s'interroge le Poitevin, retraité du cyclisme depuis fin 2018 mais toujours passionné. Confiné à domicile par la pandémie, il compatit surtout aux difficultés de ses anciens collègues ("la saison va être très difficile pour ceux qui ne vont pas courir le Tour", relève-t-il) et se montre sceptique sur un "Ronde van Vlaanderen" dans la dernière partie de la saison comme l'envisagent les dirigeants du cyclisme.

"Le Tour des Flandres, c'est au printemps l'apothéose des courses en Belgique, après Waregem, Harelbeke, etc, le point final de la période. Là, ce ne sera pas le cas", explique-t-il en se référant à sa propre expérience.

"Milan-Sanremo lançait ma période de classiques. Après, je partais en Belgique. Quand je franchissais la frontière, j'avais le frisson. J'étais heureux d'être là. En 2008, je me suis découvert quand j'étais chez Cofidis. L'année suivante, j'ai rejoint Quick Step, l'équipe-phare, la plus grosse formation pour ces courses. Ce sont mes plus belles années", se remémore-t-il.

Jusqu'à l'édition 2011 et la deuxième place dans un sprint à trois face au futur vainqueur, le Belge Nick Nuyens dont il avait été chez Cofidis le coéquipier, et au Suisse Fabian Cancellara: "Je prends l'initiative de passer à droite mais Cancellara a obliqué ensuite de ce côté et j'ai pris peur. Un sprinteur serait passé, je ne l'ai pas fait. La ligne franchie, je me rends compte tout de suite. Il n'y a que la première place qui compte. Cela reste une frustration. La fierté de ma carrière, c'est que j'étais toujours là, j'étais toujours acteur."

- "Ils vont laisser des plumes" -

Neuf ans plus tard, Chavanel apprécie toujours autant le rendez-vous, la ferveur du public, "il y a beaucoup de connaisseurs" dit-il, la chaude ambiance. Comment sera cette course unique en octobre si elle est décalée à cette date par le calendrier 2020, qui reste à établir en fonction de la sortie de la pandémie ?

"Ce ne sera pas pareil, c'est certain", estime le Français. "Certains coureurs risquent d'être usés psychologiquement. Ce n'est pas joyeux d'être confiné à faire du home-trainer, de faire attention à la prise de poids comme c'est le cas actuellement. Ils vont laisser des plumes, mentalement plus que physiquement".

Dans sa réaction, l'ex-maillot jaune du Tour 2010 associe le Tour des Flandres et le "monument" suivant, Paris-Roubaix, l'autre grande course de pavés sept jours plus tard: "Les deux sont des courses très particulières, pour des athlètes robustes. Il faut savoir se placer, frotter, ne pas avoir peur de rouler dans des conditions difficiles, le vent, la pluie. Il y a tous les ingrédients qui sont la base du cyclisme. Il n'y a pas d'erreur, ça se fait +à la patte+..."

Dimanche, c'est une copie numérique qui sera proposée par les organisateurs, sur le format d'une heure et des 32 derniers kilomètres du parcours pour 13 coureurs. Greg Van Avermaet, Wout Van Aert, Oliver Naesen et leurs collègues pédaleront sur des... rouleaux d'entraînement. Un pâle ersatz de l'événement qui attire chaque année, le premier dimanche d'avril, la population des Flandres sur le pas de la porte.

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