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"Casse du siècle": Le parquet demande la relaxe de Cassandri pour le blanchiment du butin

Jacques Cassandri va peut-être échapper à une condamnation pour le blanchiment du "casse du siècle" sans pour autant éviter la prison: le parquet a requis jeudi sa relaxe dans cette affaire, tout en réclamant 5 ans de prison ferme pour d'autres faits pour lesquels il était aussi jugé.

Estimant que même si "les éléments sont concordants pour établir qu'il a bien participé au casse" de la Société Générale commis à Nice en 1976, le procureur Etienne Perrin a reconnu devant le tribunal correctionnel de Marseille ne pas être en mesure d'apporter la preuve d'un lien entre le magot emporté il y a plus de 40 ans et des opérations de blanchiment qu'aurait réalisées depuis Jacques Cassandri.

"Il m'est impossible de relier les sommes de ce vol aggravé aux sommes retrouvées en 2009, je n'ai pas la preuve d'une cascade", a-t-il expliqué.

En revanche, pour les nombreuses autres infractions économiques et financières reprochées à Jacques Cassandri, le procureur a requis 5 ans de prison assortis d'un mandat de dépôt ainsi qu'une amende de 300.000 euros. Le magistrat a également réclamé la fermeture pour trois ans du Son des Guitares, un bar musical de nuit, figure de proue de l'empire Cassandri, ainsi qu'une interdiction définitive de gérer une entreprise commerciale et d'exercer une activité dans l'immobilier.

Tentant d'échapper à une condamnation pour le blanchiment de ce vol entré dans l'histoire, Jacques Cassandri était revenu, mercredi, sur ses aveux faits dans son livre "La vérité sur le casse de Nice" et en garde à vue en 2011, affirmant au tribunal n'avoir jamais fait partie du gang des égoutiers.

Il a indiqué que son livre n'était qu'un simple roman. "Par lâcheté, manque d'honneur, il va ne pas assumer et inventer cette histoire de roman", a relevé jeudi le procureur selon lequel "le livre écrit par M. Cassandri pourra porter le sous-titre: +ce livre est une escroquerie+".

- 'Habitués à la menace, à la violence' -

M. Perrin a également requis la relaxe de l'épouse et des deux enfants de Jacques Cassandri pour les faits de recel des sommes dérobées à Nice. Pour les autres infractions et notamment le blanchiment d'abus de biens sociaux et de travail dissimulé commis au sein des sociétés de la sphère Cassandri, il a réclamé des peines allant jusqu'à trois ans de prison avec sursis, et des amendes allant jusqu'à 80.000 euros contre Jennifer, Antoine et Marianne Cassandri.

Jacques Cassandri et plusieurs co-prévenus sont également jugés jusqu'à vendredi pour une escroquerie en bande organisée commise au préjudice d'un promoteur irlandais qui souhaitait construire à Conca (Corse-du-Sud) une résidence de tourisme comptant un hôtel et 185 logements de vacances. Via une société, Jacques Cassandri et quelques-uns de ses amis avaient souscrit une convention d'assistance au promoteur dans ses démarches d'acquisition d'un terrain et pour la protection du chantier.

"L'équipe de Jacques Cassandri a surfé sur la criminalité régnant en Corse" pour obtenir cette convention d'assistance qui prévoyait le paiement d'un million d'euros, a noté le procureur. "On n'a pas affaire à des chefs d'entreprise habituels, mais à des gens habitués à la menace, à la violence , aux armes", a-t-il ajouté, notant que le cumul des casiers judiciaires des 12 prévenus atteint 30 condamnations pour un total de 84 infractions différentes. Le promoteur avait contesté avoir été victime de racket, concédant toutefois avoir accepté ce "ticket d'entrée" pour mener à bien son opération immobilière en Corse.

Dans ce volet, une peine de trois ans de prison avec sursis et une amende de 50.000 euros ont été requises contre François Mosconi, maire de Conca depuis 1977, jugé pour trafic d'influence. L'élu est soupçonné d'avoir favorisé les projets dans lesquels Jacques Cassandri était partie prenante en échange d'une promesse de rémunération, ce qu'il conteste.

"En ces temps d'écœurement des Français pour ce type de clientélisme, François Mosconi apparaît comme une caricature", a relevé M. Perrin, qui a aussi demandé une privation des droits civils et civiques pendant cinq ans.

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