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Bio: Travert dit vouloir réinstaurer le seuil de 20% dans les cantines

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert "espère convaincre" la semaine prochaine les sénateurs de réinstaurer un seuil de 20% de produits bio dans les cantines d'ici 2022, supprimé lors de l'examen en commission du projet de loi sur l'alimentation et l'agriculture.

"Nous allons être en séance publique au Sénat la semaine prochaine et j'espère pouvoir convaincre (les sénateurs, NDR) de revenir (...) à notifier les pourcentages d'agriculture biologique dans la restauration collective", a indiqué le ministre sur Europe 1 mercredi matin.

"C'était important de noter que nous avions besoin d'apporter plus de produits bio dans la restauration collective, et nous avons souhaité apporter des chiffres précis pour pouvoir se donner des objectifs et les respecter", a-t-il expliqué.

Sous l'influence d'un groupe de sénateurs LR, la commission des Affaires économiques du Sénat a supprimé l'objectif de parvenir à 20% de bio en restauration collective publique au plus tard le 1er janvier 2022 dans le texte du projet de loi, qui avait été adopté par l'Assemblée nationale le 30 mai.

L'article 11 du texte conserve seulement l'objectif de parvenir à 50% de produits de qualité et labellisés dans les cantines d'ici 2022, mais ne comporte plus d'objectif précis sur le bio.

Les sénateurs LR à l'origine de l'amendement estiment qu'un objectif aussi précis pour le bio pourrait être contre-productif par rapport aux objectifs de la loi censée soutenir l'agriculture française: il pourrait en effet faciliter les importations massives de bio, l'agriculture française n'ayant pas encore la capacité de fournir les quantités nécessaires.

"Nous avons besoin de structurer une offre en agriculture biologique, nous avons besoin que plus d'agriculteurs puissent se convertir à l'agriculture biologique", a noté pour sa part Stéphane Travert, sans plus de détail.

En septembre, il avait annoncé la fin du versement par l'Etat des aides au maintien des agriculteurs bio, prolongeant les aides à la conversion.

Mercredi, il a aussi fait valoir que les agriculteurs bio allaient devoir trouver des solutions de remplacement au sulfate de cuivre, considéré comme toxique, pour traiter leurs plantes contre les maladies fongiques bactériennes.

Le remplacement du sulfate de cuivre, communément utilisé en agriculture bio sous le nom de "bouillie bordelaise" pour lutter contre les tavelures du pommier ou les mildiou de la vigne et de la pomme-de terre, "pose un problème", a-t-il estimé.

"Comment est-ce que nous allons faire en sorte que celles et ceux qui utilisent aujourd'hui ce type de produit dans l'agriculture biologique ne soient pas mis au pied du mur?", s'est-il interrogé. "Il va falloir créer des groupes de travail, emmener avec nous la recherche, les instituts techniques (...) je ne pense pas qu'il existe aujourd'hui de solutions alternatives et donc nous devons les trouver", a-t-il déclaré, reprenant les mêmes arguments que ceux qu'il utilise depuis plusieurs mois pour "trouver des alternatives" à l'herbicide chimique contesté glyphosate.

Selon M. Travert, trois types d'agricultures au moins seraient à même de bénéficier d'exemption en cas d'interdiction du glyphosate d'ici trois ans: "l'agriculture de conservation" (qui se pratique sans labour du terrain avec des couverts végétaux entre les périodes de culture pour développer la biodiversité des sols et favoriser le stockage du carbone), "l'agriculture en terrasse" (comme certaines vignes dans l'est de la France), et "l'agriculture qui concerne la production de fruits et légumes destinés à l'industrie" (car les industriels imposent par contrat aux agriculteurs l'interdiction de toute mauvaise herbe à tout moment dans les cultures).

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