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Ce que l'on sait une semaine après l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen

Une semaine après l'incendie de l'usine chimique Lubrizol de Rouen, l'origine du feu reste à découvrir, et de nombreuses questions demeurent sur ses conséquences sanitaires et environnementales. Passage en revue de ce que l'on sait de cet accident.

Origine de l'incendie ?

La cause de la catastrophe n'est pas encore connue. Le parquet de Rouen, qui s'est dessaisi de l'enquête au profit du pôle de santé publique de Paris, souligne que l'origine du feu est pour l'heure impossible à déterminer "avec certitude".

La société Lubrizol, qui se base sur "la vidéosurveillance et des témoins oculaires", a elle affirmé que l'incendie avait vraisemblablement commencé à l'extérieur du site.

Incendie criminel, accidentel ? "On ne peut rien exclure. L'enquête permettra de le déterminer", a déclaré jeudi sur Europe 1 le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez.

L'air est-il pollué ?

24 heures après l'incendie, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a évoqué à Rouen une ville "clairement polluée" et reconnu que "des produits peuvent être irritants sur le moment".

Selon le préfet de Normandie Pierre-Yves Durand, les résultats d'analyses de l'air démontrent un "état habituel de la qualité de l'air à Rouen". Mardi, il a précisé ses propos. "Je ne dis pas que la qualité de l'air à Rouen est satisfaisante", a dit le préfet, soulignant qu'avant l'incendie "à Rouen il n'y avait pas une qualité de l'air satisfaisante".

Quels symptômes ressentis ?

Depuis le 26 septembre, la population est incommodée par des odeurs qui restent marquées. De nombreux témoins interrogés par l'AFP ont fait état de gorges qui grattent, maux de têtes, nausées, vomissements et vertiges.

"Un peu plus d'une centaine" de personnes se sont rendues aux urgences après l'incendie, a assuré jeudi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

Selon la préfecture, 160 fûts "en état délicat" encore présents participent aux "émanations d'odeurs". Ils doivent être évacués "dans les prochains jours".

Quels produits ont brûlé ?

Lubrizol produisant des lubrifiants pour automobile, il s'agissait de substances chimiques qui entraient dans la composition d'huiles moteurs: 5.253 tonnes ont brûlé et la préfecture a publié 479 fiches sur les caractéristiques des produits et les risques associés en cas de combustion.

Pour près des deux tiers (62,88%, soit 3.308 tonnes), il s'agit d'"additifs multiusages" composés à 44% d'huile minérale obtenue par raffinage de pétrole, selon un tableau communiqué par les autorités.

Des substances dangereuses ?

Des rapports officiels consultés par Mediapart évoquaient en 2016 la présence dans l'usine Lubrizol de produits "très dangereux pour l'environnement" et "nocifs", et estimaient qu'un incendie pourrait donner lieu à la "formation de substances toxiques".

Agnès Buzyn a reconnu mercredi que personne ne savait "exactement ce que donnent ces produits mélangés lorsqu'ils brûlent".

Concernant les très toxiques dioxines, des molécules cancérogènes qui peuvent aussi interférer sur le système hormonal, les niveaux mesurés sous le panache de fumée sont "relativement faibles", selon l'Institut national de l'environnement industriel et des risques. Le principal danger étant lié à leur ingestion, des analyses complémentaires sont en cours sur les produits alimentaires.

Des recherches ont aussi porté sur l'amiante qui composait le toit de l'usine. Selon la préfecture, il n'y a pas de "risque avéré" lié à l'amiante dans l'air.

Une eau potable ?

L'eau des 71 communes de la Métropole de Rouen Normandie est potable. "Aucune trace de contamination n’a été relevée", après les rumeurs et spéculations concernant une prétendue eau noire du robinet, selon la Métropole.

Les produits agricoles sont-ils comestibles ?

Au moins 1.800 agriculteurs ont été touchés par les suies en Normandie et dans les Hauts-de-France. La récolte est interdite dans une centaine de communes. La préfecture recommande aux riverains de "ne pas consommer les produits et légumes souillés par les suies" dans les jardins.

Les premiers résultats d'analyses devraient être publiés en fin de semaine, en vue d'une éventuelle levée de certaines des mesures d'interdiction de commercialisation.

Quels risques pour la santé à court et long terme ?

Monoxyde de carbone, dioxyde de soufre et hydrogène sulfuré: les mesures effectuées par les pompiers, "afin de vérifier le risque immédiat" pour leurs interventions et les riverains, "n'ont pas mis en évidence de risque pour la population", assure la préfecture.

Fabrizio Pariselli, toxicologue à l'unité de prévention du risque chimique du CNRS, souligne lui que "pour savoir s'il y a vraiment un risque sanitaire, il faut avoir des données quantifiables d'exposition" qui manquent encore.

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