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Collision mortelle à un passage à niveau: la SNCF éreintée par les victimes

La défense de la SNCF a été rudement attaquée jeudi par les victimes d'une collision mortelle à un passage à niveau survenue en 2011 en Bretagne, au quatrième jour d'un procès devant le tribunal correctionnel de Rennes.

"Toutes vos arguties juridiques me choquent terriblement. Je peux comprendre que vous ne reconnaissiez pas vos responsabilités mais est-ce que vous êtes capables de tirer toutes les leçons des catastrophes ferroviaires?", a demandé, jeudi à la barre, le frère d'un passager mort dans l'accident.

"J'ai honte pour le service public ferroviaire français", a-t-il ajouté.

Le 12 octobre 2011, vers 17H15, un camion, équipé d'une grue de levage, avait été percuté par un TER au passage à niveau n°11 de Saint-Médard-sur-Ille (Ille-et-Vilaine), sur la ligne Rennes-Saint-Malo. Deux passagères du train de 43 et 73 ans et un passager de 36 ans ont été tués dans l'accident et 61 personnes ont été blessées.

Plusieurs accidents étaient déjà intervenus à cet endroit. Une collision entre un camion et un TER avait ainsi fait 71 blessés, le 26 novembre 2007. A la suite de cet accident, le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre avait émis des recommandations de sécurisation, qui n'ont pas toutes été mises en œuvre.

La SNCF et le conseil départemental, en charge de la voirie, se sont renvoyé la responsabilité de cette inaction.

"Il y a quand même un problème sur ce passage à niveau. Je ne peux pas comprendre que de 2007 à 2011 vous n'ayez rien fait. Les camions auraient dû être interdits sur cette voie", a lancé la mère d'une victime.

"A un moment donné, je me suis demandé si la personne morale (la SNCF, NDLR) n'allait pas dire que c'était de notre faute, aux victimes", a déploré Marie-Annick Guerche, qui se déplace en fauteuil roulant depuis l'accident, en se disant "très très choquée".

Se tournant vers le public, Stéphane Leprince, directeur régional de SNCF Réseau, s'est dit "submergé" par les témoignages des victimes et leur a souhaité "bon courage".

"J'ai entendu beaucoup de colère vis-à-vis des débats (de mercredi), très techniques, sans doute trop éloignés des préoccupations des victimes. J'en suis désolé", a déclaré pour sa part Laurent Beaucaire, directeur régional de SNCF Mobilités.

Le chauffeur de poids lourd, qui a reconnu sa responsabilité, a lui remercié les victimes "pour leurs marques d'attention". "Ça va m'aider. C'était votre jugement qui m'importait", a-t-il dit.

Les réquisitions sont attendues vendredi, au dernier jour du procès.

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