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Dans les centres de maintenance des TGV, "la colère est là"

"On demande une reconnaissance de tous les efforts qu'on fournit": devant le siège de la SNCF à Saint-Denis, des grévistes du Technicentre de Châtillon, dont l'arrêt de travail depuis plus d'une semaine perturbe la circulation d'une grande partie des TGV Atlantique, réclament un geste de la direction.

"On est fiers d'avoir pu résister au rouleau compresseur", affirme Elvis Thoyer, délégué CGT, au milieu d'une cinquantaine de personnes rassemblées mardi, dont une trentaine venus de Châtillon (Hauts-de-Seine).

Le projet de la direction de dénoncer un accord local, sans concertation d'après les syndicats, est à l'origine de la grève sans préavis lancée le 21 octobre par 200 des quelque 700 salariés de ce centre de maintenance.

Selon la SNCF, le service restera très perturbé mercredi, avec trois TGV sur dix - comme lundi et mardi - avant une amélioration prévue jeudi (huit trains sur dix).

Face à la bronca suscitée par son projet, la direction locale de la SNCF s'est vite ravisée, mettant sous le tapis dès le 22 octobre la suppression de 12 jours de repos qu'elle souhaitait instaurer à Châtillon en échange d'une compensation financière.

Mais le mouvement n'a pas faibli.

- "Ras-le-bol" -

"Ces 12 jours, c'est un jour de repos supplémentaire par mois pour des salariés qui font 40 heures par semaine, qui travaillent la nuit et les week-ends", souligne M. Thoyer, en déplorant le "manque de respect" de la direction.

Parmi les salariés - en grande majorité des hommes - venus à Saint-Denis pour demander à être reçus par la direction, sans succès, beaucoup font profil bas et préfèrent ne pas parler à la presse.

Rachid, un trentenaire qui ne dévoile que son prénom, reçonnaît une "grève brutale mais qui reflète un ras-le-bol" dans l'établissement.

Les grévistes demandent à la direction le paiement des jours de grève, ce qu'elle rejette, mais aussi la garantie de ne pas faire l'objet de sanctions disciplinaires en raison de leur arrêt de travail sans préavis et une "revalorisation", c'est-à-dire une prime de 3.000 euros.

Gwendoline Cazenave, directrice du TGV Atlantique, a déclaré à l'AFP souhaiter que "le dialogue continue mais dans une situation où les trains roulent". Elle s'est engagée à "continuer à travailler sur les conditions de travail dès que le travail reprendra".

Un appel que les grévistes ignorent pour l'instant.

"On est conscients de ce qui arrive à tous les Français qui sont en vacances et qui sont bloqués, qui ne peuvent pas partir ou rentrer chez eux", assure Karim. Pour lui, la direction "méprise les cheminots mais c'est aussi un mépris pour tous les Français qui sont en vacances".

-"Poser le sac"-

Au Technicentre du Landy (Saint-Denis) aussi, "la colère est là", estime Fabien Monteil, élu Sud-Rail dans cet établissement chargé de la maintenance des TGV de l'axe nord, des Eurostar et des Thalys.

"Personne ne veut entrer à la maintenance, on assiste à énormément de démissions car le salaire est extrêmement bas, les conditions de travail de plus en plus dégradées et nous sommes en sous-effectifs", détaille-t-il.

"Les embauches se font au Smic, moi j'ai 20 ans d'ancienneté et je touche 1.600 euros nets par mois", témoigne le syndicaliste venu soutenir ses collègues de Châtillon. Il n'exclut pas un mouvement spontané aussi au Landy, hors du cadre légal du préavis de grève.

"On fait notre boulot de délégué syndical mais si les gens ont envie de poser le sac (arrêter le travail, ndlr), on ne va pas les retenir", assure-t-il.

Au Technicentre sud-est européen, également en région parisienne, Christophe Huguet déplore l'intensification du travail de nuit et "une vie de famille difficile quand on fait les 3X8". Dans ce centre de maintenance des TGV de l'axe est et sud-est, son syndicat, Sud-Rail, a déposé une demande de concertation immédiate, étape obligatoire avant un éventuel préavis de grève.

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