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De nouveaux polluants de l'air dans le collimateur

Le ministère de la Transition écologique s'est engagé jeudi à renforcer la surveillance de la concentration dans l'air de plusieurs polluants, dont le cancérogène 1,3 butadiène, après la publication d'un rapport de l'Agence sanitaire Anses en ce sens.

"Je m'engage à mettre en œuvre ses recommandations pour mieux surveiller, encadrer et réduire les émissions des polluants non réglementés d’intérêt prioritaire", a indiqué Nicolas Hulot dans un communiqué.

A l'heure actuelle, 13 polluants de l'air font l'objet d'une surveillance réglementaire, dans le cadre de directives européennes qui remontent à 2004 et 2008, comme le dioxyde d'azote ou les particules fines.

Mais l'évolution des connaissances scientifiques "révèle que certains polluants pouvant avoir un impact potentiel sur la santé humaine ne sont pas pris en compte à ce jour dans la surveillance réglementaire", a expliqué jeudi l'Anses dans un communiqué.

Saisie par les ministères de la Transition écologique et de la Santé, l'agence s'est donc penchée sur de nouvelles substances polluantes qui mériteraient d'être surveillées de plus près.

Dans ses conclusions, l'Anses préconise la "surveillance du 1,3-butadiène, un polluant émis notamment par des activités industrielles traitant du plastique et du caoutchouc mais aussi par l'échappement des moteurs automobiles et la fumée de cigarette".

Cet hydrocarbure est "un cancérogène de catégorie 1", c'est-à-dire un cancérogène avéré ou présumé pour l'être humain, complète Valérie Pernelet-Joly, cheffe d'unité d'évaluation des risques liés à l'air à l'Anses. "Il peut atteindre différentes cibles du corps humain" et causer différents types de cancer, poursuit-elle.

L'Anses recommande aussi un "suivi renforcé des particules ultrafines (PUF) et du carbone suie". Les particules ultrafines, d'un diamètre inférieur à 0,1 micron, émises notamment par le trafic routier et certains types d'industries, peuvent avoir "des effets sur le système nerveux ou sur le système respiratoire", explique Valérie Pernelet-Joly.

Le carbone suie est émis lors de phénomène de combustion, "surtout la motorisation diesel et le chauffage", indique-t-elle. Cette substance a la particularité de se comporter comme un aimant pour d'autres particules et elle "va servir de vecteur pour les emmener dans les poumons".

"Ces recommandations seront progressivement mises en oeuvre", a assuré le ministère de la Transition écologique, assurant que le "gouvernement renforcera les modalités de surveillance des concentrations dans l’air pour le 1,3-butadiène, les particules ultrafines et le carbone suie".

Les préfets devront également s'assurer que les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE, soumises à règlementation notamment en raison de risques importants de pollution) "les plus émettrices de 1,3 butadiène mettent en place une surveillance environnementale et des mesures de réduction des émissions".

L'Anses a examiné dix autres polluants (manganèse, sulfure d'hydrogène, acrylonitrile, 1,1-2-trichloroéthane, cuivre, trichloréthylène, vanadium, cobalt, antimoine, naphtalène), repérés surtout dans des contextes industriels. Les concernant, elle "recommande l’acquisition de données complémentaires".

L'agence suggère enfin de développer une banque de données nationales sur les "polluants dans l’air ambiant actuellement non réglementés (...) pour faciliter l’accès à ces données pour des travaux de recherche ou d’expertise".

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