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Dépenses publiques et mesures d'économies: le gouvernement sur la défensive

Accusé d'avoir renoncé à ses objectifs de maîtrise des dépenses publiques, le gouvernement s'est défendu mercredi de tout laxisme budgétaire, jugeant impossible de "passer en force" sur les mesures d'économie après la crise des "gilets jaunes".

Suppression de postes de fonctionnaires, réforme de l’État, réduction des niches fiscales... "La direction qui est celle du rétablissement des finances publiques, elle est tenue et elle continuera d'être tenue", a assuré sur France Inter le ministre des Finances Bruno Le Maire.

Un objectif qui n'empêche pas selon lui quelques ajustements. "Vous ne pouvez pas faire comme s'il n'y avait pas eu un mouvement social de très grande ampleur, qui a appelé à la consolidation des services publics", a-t-il poursuivi, en référence aux "gilets jaunes".

M. Le Maire a poussé à plusieurs reprises ces derniers mois pour des mesures d'économies ambitieuses, destinées à compenser les dépenses et baisses d'impôts annoncées face au mouvement des "gilets jaunes" et à l'issue du grand débat, chiffrées à 17 milliards d'euros.

Mais les arbitrages rendus ces derniers jours par Matignon et l'Elysée dans le cadre notamment de la préparation du projet de loi de finances pour 2020 ont mis en lumière les contradictions de l'exécutif, qui a finalement choisi de reculer les mesures d'économies.

Pour compenser la baisse de cinq milliards d'euros de l'impôt sur le revenu, seulement 615 millions d'euros d'économies sur les niches fiscales ont ainsi été décidées, alors que le gouvernement avait initialement annoncé une réduction allant de 1 à 1,5 milliard d'euro.

Concernant la réforme des retraites, l'exécutif a renoncé dans l'immédiat à toute mesure d'économie, alors que plusieurs ministres - dont Bruno Le Maire et Gérald Darmanin - plaidaient pour un allongement du temps de travail.

A propos du nombre de fonctionnaires, enfin, seules 15.000 suppressions de postes seraient envisagées sur le périmètre de l'Etat d'ici à la fin du quinquennat, loin des 50.000 promises par Emmanuel Macron, selon le journal Les Echos.

- Dépenses publiques en hausse -

"L'objectif de 50.000 d'ici 2022 paraît extrêmement difficile à atteindre", a reconnu mercredi le secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique Olivier Dussopt, sans confirmer le chiffre avancé par Les Echos.

Un changement de cap justifié selon lui par les "engagements" d'Emmanuel Macron en ce qui concerne l'éducation, mais aussi par les attentes des Français en matière de "proximité des services publics".

"Nous tenons compte de cette réalité sociale. Vous ne pouvez pas passer en force, ça n'existe pas: l'idée que vous pourriez imposer brutalement aux Français une direction qu'ils ne souhaitent pas, je pense que c'est une erreur", a insisté Bruno Le Maire.

Ces différentes décisions, dénoncées par l'opposition, ont suscité des critiques au sein même de la majorité, certains estimant - à l'image de la coordinatrice LREM de la commission des Finances Bénédicte Peyrol - que la baisse des dépenses n'allait "pas assez loin".

Selon Bercy, les dépenses publiques devraient ainsi croître de 4,6 milliards d'euros l'an prochain, malgré la baisse des taux d'intérêt, qui devrait alléger fortement la charge de la dette.

Le ministère des Armées devrait connaître la plus forte hausse, avec 1,53 milliard d'euros de crédits budgétaires supplémentaires par rapport à la loi de finances initiales (LFI), selon des documents préparatoires au budget 2020 mis en ligne par Bercy.

L'Intérieur devrait obtenir 740 millions d'euros en plus, pour financer les revalorisations salariales et hausses d'effectifs décidées par l'exécutif. L'Education nationale et la Transition écologique, quant à eux, devraient gagner 1,04 milliard et 640 millions d'euros.

Côté perdants figurent le ministère des Comptes publics (-120 millions d'euros) et l'audiovisuel public (-70 millions d'euros). Le budget du ministère de la Justice devrait quant à lui augmenter, mais moins que prévu (200 millions d'euros au lieu de 380 millions).

Selon Bercy, le déficit public devrait atteindre l'an prochain 2,1% du produit intérieur brut (PIB) au lieu des 2% initialement attendus. La dette publique, qui devait initialement refluer, devrait quant à elle se maintenir à 98,9% du PIB.

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