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Diesel: les conséquences de la décision de justice allemande

La justice allemande a ouvert la voie mardi à des interdictions des vieux diesels dans les centre-villes les plus pollués, des mesures qu'il reviendra aux autorités locales de prendre et de préciser.

A l'échelle de tout le pays, quelles sont les conséquences pour les automobilistes, les constructeurs et la qualité de l'air ?

- Les automobilistes -

La décision de mardi vise Stuttgart et Düsseldorf, mais dégage la voie à des interdictions de circulation dans toutes les villes du pays -environ 70 en 2017- qui dépassent les seuils européens d'émissions de dioxyde d'azote, un gaz nocif.

Sur les 15 millions de voitures diesel immatriculées en Allemagne, plus de 10 millions sont potentiellement visées: il s'agit de toutes celles antérieures à la norme Euro 6, donc commercialisées avant septembre 2015. Les diesels de norme Euro 5 sont les plus concernés.

A cela s'ajoutent 2 millions de camions roulant au diesel, selon le cabinet de conseil EY.

Mais tout dépendra des choix faits par les autorités régionales, qui pourront décider quels types de vieux diesels elles interdisent et dans quel périmètre. Les automobilistes ont de toute façon un sursis puisque ces mesures pourraient mettre jusqu'à un an à être adoptées, selon le club automobile ACE.

Les particuliers se rendant au travail mais également les flottes d'entreprise, composées majoritairement de véhicules diesels, seront particulièrement touchés. Des exceptions pour les véhicules d'urgence voire pour les artisans pourraient être mises en place.

La valeur de revente des véhicules diesel, déjà en baisse depuis des mois, devrait encore reculer, estime Stefan Bratzel, de l'institut CAM.

- L'industrie -

L'industrie automobile, la plus importante du pays avec ses quelque 800.000 emplois, dépend beaucoup du diesel. La désaffection pour cette technologie, déjà très nette, devrait encore s'accentuer. En janvier, le diesel représentait 33% des ventes de voitures neuves en Allemagne, contre 51% un an plus tôt.

Pour Peter Fuss, expert du cabinet EY, la part du diesel pourrait passer sous la barre des 25% cette année.

La décision de justice allemande accroît par ailleurs la pression sur l'industrie pour moderniser en profondeur les systèmes de filtration des diesels déjà en circulation, afin d'éviter les interdictions de circulation. Jusqu'ici rejetée par les constructeurs, une telle mesure pourrait coûter au moins 7,6 milliards d'euros, selon l'analyste Arndt Ellington de la banque Evercore ISI.

- La qualité de l'air -

Malgré une multitude de programmes pour lutter contre la pollution de l'air, les villes allemandes, avec Munich, Stuttgart et Cologne en tête, échouent depuis des années à respecter les normes en matière de NOx.

Ces gaz, nocifs pour l'organisme à des concentrations plus élevées, peuvent irriter le système respiratoire et les yeux ainsi que causer des maladies cardiovasculaires ou des problèmes pulmonaires. Selon une étude de l'Agence fédérale pour l'environnement, quelque 6.000 personnes en Allemagne meurent prématurément chaque année de maladies cardiovasculaires causées notamment par le dioxyde d'azote (NO2).

Les constructeurs allemands, spécialistes des grosses cylindrées, comptaient sur le diesel pour les aider à respecter les plafonds européens d'émissions de CO2 en 2021. S'ils n'y parviennent pas, ils risquent des amendes pouvant se chiffrer en dizaines voire centaines de millions d'euros.

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