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Ferrari, sans Marchionne, poursuit sur sa lancée, mais inquiétude pour 2022

Le fabricant italien de voitures de luxe Ferrari, pour qui s'ouvre une nouvelle ère après la mort de son patron Sergio Marchionne, a confirmé mercredi ses objectifs pour 2018 après avoir vu ses bénéfices bondir au deuxième trimestre.

Mais malgré ces annonces, le titre a fini sur une chute de 8,35% à 104,3 euros à la Bourse de Milan, et perdait vers 15H40 GMT 7,48% à 122,70 dollars sur celle de New York, alors que les investisseurs se demandent si le groupe pourra tenir ses objectifs pour 2022, le nouveau patron de Ferrari les ayant qualifiés d'"ambitieux".

La publication de ces résultats survient une semaine après le décès, le 25 juillet, du manager italo-canadien, à l'âge de 66 ans.

En raison de la brusque dégradation de son état de santé, il avait été remplacé quelques jours auparavant par Louis Camilleri, ancien patron du cigarettier Philip Morris et membre du conseil d'administration de Ferrari depuis octobre 2015.

"Nous sommes attristés par la perte de Sergio Marchionne", a souligné le groupe, en confirmant son "engagement à poursuivre les valeurs qu'il incarnait et à réaliser sa vision avec détermination, ambition et passion, dans le sillon de Enzo Ferrari", le fondateur de la société.

M. Camilleri a de son côté rendu hommage à "un homme d'immense talent, un esprit brillant".

Cette nouvelle ère, qui s'annonce difficile tant M. Marchionne avait imprimé sa marque sur Ferrari, a néanmoins commencé avec des résultats "solides", selon les analystes d'Evercore Isi.

Le bénéfice net au deuxième trimestre a bondi de 18,1%, à 160 millions d'euros, un résultat légèrement meilleur qu'attendu. Selon le consensus réalisé par Factset, les analystes tablaient en moyenne sur 154 millions d'euros.

Le chiffre d'affaires a lui diminué de 1,6%, à 906 millions d'euros, un chiffre inférieur aux attentes (932 millions). A taux de change constants, il a néanmoins progressé de 1,4%.

La célèbre marque au cheval cabré a livré sur le trimestre 2.463 bolides, un chiffre en hausse de 5,6%.

L'Europe-Moyen-Orient-Afrique reste son principal marché, avec 1.073 véhicules remis, suivi de l'Amérique (850 bolides). Mais les livraisons ont augmenté de 26% en Chine-Hong Kong et Taïwan, à 177 véhicules.

- Plan stratégique en septembre -

Le titre avait cédé 4,88% à l'annonce du changement de direction, puis encore 2,50% deux jours plus tard, à la mort de M. Marchionne.

Sergio Marchionne a réussi à préserver l'exclusivité de cet emblème du savoir-faire italien, tout en augmentant la production et en faisant de Ferrari une entité cotée avec un succès phénoménal. Depuis son entrée à la Bourse de Milan le 4 janvier 2016, le titre a gagné plus de 160%.

M. Marchionne devait rester aux commandes de Ferrari au moins jusqu'en 2021 et avait promis de dévoiler en septembre un plan stratégique sur cinq ans.

Celui-ci prévoit la poursuite d'une forte rentabilité, le lancement de nouveaux produits, dont un SUV (4X4 de ville) et des sportives hybrides pour s'adapter au changement des marchés et le développement de l'électrique, mais sans renoncer à la notion d'exclusivité.

Il reviendra à M. Camilleri de dévoiler ce plan les 17 et 18 septembre à Maranello (nord), siège de la marque.

M. Camilleri est, selon Credit Suisse, un dirigeant expérimenté qui "a déjà fait ses preuves et connaît bien le groupe, ce qui devrait limiter tout risque de perturbation".

Mais "on aurait préféré voir quelqu'un avec une expérience dans le luxe et la Formule 1", a récemment souligné Richard Hilgert, expert à MorningStar.

Le groupe a en tout cas confirmé ses prévisions pour 2018. Il table sur un chiffre d'affaires supérieur à 3,4 milliards d'euros, avec plus de 9.000 véhicules livrés.

Il vise aussi un bénéfice brut d'exploitation (Ebitda) ajusté égal ou supérieur à 1,1 milliard d'euros et une dette nette industrielle inférieure à 400 millions.

Et il entend porter son Ebitda ajusté à 2 milliards de dollars d'ici 2022.

"Les objectifs (à 2022) sont ambitieux, mais nous ferons tout pour les atteindre", a martelé M. Camilleri.

Alors que les analystes l'interrogeait après le dévissage du cours lié au mot "ambitieux", il a précisé que lui et Sergio avaient "les mêmes ambitions" et qu'il donnerait en septembre les détails sur la manière dont ces objectifs seraient atteints.

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