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La grève des transports accélère le développement du télétravail

Face à des déplacements qui s'annoncent difficiles à partir de jeudi avec la grève des transports, beaucoup d'entreprises auront recours au télétravail, en "développement massif" ces dernières années, ou à divers aménagements pour poursuivre leur activité.

"Des salariés pourraient être en difficultés pour rejoindre leur lieu de travail, mais nous facilitons le télétravail, aussi bien à domicile que dans d’autres sites de l'entreprise", explique-t-on à Orange, qui équipera ses salariés pour assurer la continuité du service téléphonique.

A la Société générale aussi, "les capacités de télétravail ont été renforcées de telle sorte que davantage de collaborateurs n'ayant pas de solution de transport alternative ou exerçant une activité critique puissent travailler depuis leur domicile".

Selon Patrick Barbe, du gestionnaire d'actifs Neuberger Berman, "dans toutes les boîtes de gestion il y a maintenant la possibilité de travailler là où on se trouve. On a des connexions à distance sécurisées qui passent par des liaisons haut débit".

Plus généralement "la tendance de fond est au développement massif du télétravail en France", constate Vincent Binetruy, directeur France du Top Employers Institute.

"Aujourd'hui au niveau national, ce sont à peu près 25% des entreprises qui pratiquent le télétravail", d'après cet organisme de certification de bonnes pratiques en ressources humaines.

Mais le travail à distance a ses limites, d'abord liées au type d'activité. La production nécessitant des équipements autres qu'un ordinateur et une ligne à haut débit en sont a priori exclues. Les services à la personne aussi.

"Un chantier ne se fera pas par internet, le pain ne va pas se pétrir sans boulanger", souligne à l'AFP François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

D'autre part, les employeurs ont encore souvent des réticences vis-à-vis du télétravail, explique M. Binetruy.

Un "frein qui est réel, ce sont les changements de comportement", car "on ne travaille pas de la même façon à distance que quand on est côte à côte", selon cet expert. Il cite les visioconférences pour lesquelles ceux qui n'en n'ont pas l'habitude ont parfois du mal à ne pas parler tous en même temps.

- covoiturage et horaires aménagés -

Un autre obstacle, "c'est que quand on est à distance, on ne peut pas contrôler que le collaborateur travaille", constate encore M. Binetruy, qui plaide pour que les employeurs fassent confiance à leurs salariés, car cela apporte "une productivité généralement meilleure".

Les salariés - et ils restent nombreux - qui seront malgré tout obligés de se rendre sur le lieu de travail habituel durant la grève sont souvent appelés à faire de covoiturage.

"Air France encourage ses salariés à se rendre sur une plate-forme de covoiturage dédiée aux sites de la compagnie aérienne en Ile-de-France" et dont sont aussi membres d'autres grandes entreprises (DHL, Fedex, La Poste, Keolis, ADP...) travaillant à proximité ou sur le site de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. "Les trajets sont gratuits pour les passagers sur les trajets covoiturés", précise Air France.

Nombre d'entreprises se disent prêtes à se montrer compréhensives au sujet des horaires de travail, bien que le droit ne les y oblige pas, une grève avec préavis n'étant pas considérée comme un cas de force majeure.

A la Société générale, on indique que "des instructions ont été passées afin d'être plus souple sur les horaires et l'organisation du travail pour les salariés ayant des difficultés à se rendre sur leur lieu de travail".

Au sein d'Engie, où le télétravail est aussi encouragé, on se dit prêt à "adapter si nécessaire les heures d'arrivée et de départ sur le lieu de travail". Comme d'autres employeurs, le fournisseur de gaz et d'électricité demande à ses salariés d'"envisager de prendre des congés ou des jours de RTT".

Dans certaines entreprises, on peut aussi "récupérer les heures non effectuées sur les semaines à venir", indique M. Asselin.

Car les problèmes de transport et les absences du personnel risquent de perturber la production, prévient le président de la CPME.

"Ce qu'on ne peut pas livrer le jour J, on le livre peut-être le jour J+1 ou J+2 et on prévient nos clients. C'est toute une chaîne logistique, nos fournisseurs en font autant".

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