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Nautisme: au Grand pavois, ces fous voguants et leurs drôles de bateaux

Un bateau qui requiert le permis automobile, un autre qui tient dans le coffre de la voiture, des planches de paddle avec un guidon et des pédales... de curieuses embarcations sont présentées au salon nautique du Grand pavois, à La Rochelle, qui attend 85.000 visiteurs jusqu'à lundi.

Les petits bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des roues ? Le "Tringa", oui. 6,36 mètres de long, 2,48 m de large, et deux moteurs: l'un pour le propulser sur l'eau et l'autre pour le faire... rouler. Sur la route, comme une voiture. Il faut donc impérativement détenir le permis B nécessaire à tout automobiliste, en plus du permis côtier.

"Il a fallu cinq ans de lobbying auprès de l’Etat pour qu'il soit homologué. Mais un bateau a le droit de rouler en France du moment qu'il répond aux critères imposés", assure Gilles Sécheresse, de Tringaboat, société des Côtes d'Armor qui a conçu ce bateau "à moteurs".

L'homologation a requis des éléments rares sur une embarcation: ceintures de sécurité, feux de route, clignotants. Il faut aussi un gabarit de moins de 2,5 m de large et un parcours routier de moins de 10 km, déclaré au prélable, "avec un maximum de trois parcours identifiés".

En mer, la roue avant rentre dans la coque comme un train d'atterrissage d'avion, et les roues arrières s'encastrent dans des évidements de la coque, au-dessus de la ligne de flottaison. On peut filer à 30 nœuds (environ 60 km/h) sur l'eau, mais avec 16 km/h maximum sur terre, inutile de rêver d'autoroute... Il est commercialisé depuis avril.

Un autre intrigue les visiteurs: le 3 en 1 "Maverick". C'est un dériveur comme en école de voile, ou une planche à voile, ou encore un paddle board. Pour passer de l'un à l'autre, on change de mât, de dérive, on retire le safran. Mais on garde la coque, qui tient sur la galerie de la voiture et ne pèse qu'environ 30 kg.

Sur le segment de la famille, Tribord (enseigne Décathlon) commercialisera en 2020 le "5s", bateau gonflable de 53 kg qui se range dans deux sacs tenant dans le coffre de la voiture, y compris le mât démontable en six parties. Des roulettes qui se déclipsent pour naviguer, une voile sans réglage qui s'enroule autour du mât pour la réduire et un seul mousqueton à fixer. "L'idée, c'est le bateau à zéro réglage. Le plus long, c'est de gonfler la coque" (20 mn), s'amuse Jean-Baptiste Cuminal, développeur du concept pour Tribord.

-A nouveaux "marins", nouveaux engins-

Après le paddle-board, voici le "paddle-stepper" de l'américain Hobie. Une planche de paddle équipée de deux pédales actionnant des ailerons qui reproduisent la nage du pingouin pour la propulsion, et un guidon pour la diriger.

Toujours plus facile, la société slovène Sipa a développé la planche de paddle auto-gonflante et dotée d'un petit moteur électrique avec "2 à 3 heures d'autonomie", explique Matthieu Berton.

Déjà ancrée sur le marché depuis quelques années, et réel succès trans-générationnel: le vélo-pédalo est l'embarcation la plus facile à maîtriser. Deux flotteurs gonflables identiques à un catamaran supportent une selle, un pédalier qui actionne l'hélice et un guidon manœuvrant le gouvernail. Disponbile en version bicyclette ou "chopper", avec siège baquet confortable...

Ces innovations, accessibles à entre 2.500 et 5.000 euros (hormis le Tringa, à un peu plus de 100.000) répondent à "un nouveau marché de la voile", analyse M. Cuminal. "Un public peu aguerri, moins passionné que l'ancienne génération de marins (...) Il ne veut pas d'un bateau cher et encombrant".

Selon la Fédération des industries nautiques (FIN), 13 millions de Français pratiquent une activité nautique, chiffre en hausse constante.

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