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Ouverture du Grand Hôtel-Dieu de Lyon après une prestigieuse reconversion

Des boutiques, des restaurants, des bureaux et bientôt un hôtel de luxe et la Cité de la gastronomie : après trois ans d'une reconversion hors normes, le Grand Hôtel-Dieu de Lyon, inscrit au Patrimoine mondial, ouvre au public vendredi.

Chef d’œuvre architectural, avec sa façade monumentale côté Rhône et son Grand Dôme conçu par Soufflot, le plus ancien hôpital lyonnais a connu "la plus grande réhabilitation privée de monument historique en France", selon le groupe de BTP Eiffage, lauréat en 2010 du concours organisé par les Hospices Civils de Lyon (HCL).

Coût global de l'investissement : plus de 250 millions d'euros.

Vendredi, et au fil des semaines, s'ouvre la première tranche de ce "nouvel écrin de l'art de vivre contemporain" au cœur de la presqu'île lyonnaise : 17.600 m2 de commerces et restaurants, soit plus de 35 enseignes autour de la mode, du design, de la beauté ou de la gastronomie, parmi lesquels Bobbies (chaussures), Obbo Design (ameublement) ou un "Buddha Bar". Et 13.400 m2 de bureaux, sur une surface totale de 51.000 m2, dont 11.500 m2 de constructions neuves et 8.000 m2 de cours, galeries et jardins réimplantés de plantes médicinales.

"Nous invitons les visiteurs à traverser les époques en se promenant au fil des cours et des jardins jusqu'à la période contemporaine", matérialisée par la création d'une quatrième façade à l'arrière, a expliqué à la presse Hélène Couderc, directrice régionale de Scaprim, gestionnaire du site.

Il faudra toutefois patienter jusqu'au printemps 2019 pour l'ouverture de l'hôtel cinq étoiles Intercontinental de 143 chambres, dont le lobby-bar, ouvert à tous, se situera sous le grand Dôme de Soufflot de 32 mètres de haut. Ainsi que pour l'inauguration de la Cité de la Gastronomie : 3.600 m2 dédiés à l'alimentation et la santé, à l'endroit où officiait Rabelais lorsqu'il exerçait la médecine à Lyon de 1532 à 1535.

À terme, le Grand Hôtel-Dieu, qui "cible 10 millions de visiteurs par an", générera "près de 2.000 emplois", souligne Jean-Jacques Duchamp, directeur général adjoint de Crédit Agricole Assurances, qui avec Crédit Agricole Centre-est, avait racheté en 2015 à Eiffage ce monument emblématique, cher aux Lyonnais.

"Jusqu'au début du 20e siècle, l'Hôtel-Dieu était un lieu d'accompagnement et là on revient à l'idée d'hospitalité, l'âme de ce lieu ne sera jamais perdue", s'est félicité le maire de Lyon Georges Képénékian, qui a lui-même vu le jour entre ces murs et y a exercé la médecine.

- "Immense défi" -

Fondé au 12e siècle sur les bords du Rhône pour soigner les pèlerins, l'Hôtel-Dieu, symbole de l'humanisme, a connu une renommée internationale dès le 19e siècle, grâce à des pionniers de la chirurgie ou de la radiologie, tel Léon Bérard ou Étienne Destot. Au début du 20e siècle, il comptait plus d'un millier de lits. Mais devenu vétuste, il ferma ses portes en décembre 2010.

Sa réhabilitation confiée aux architectes Albert Constantin et Didier Repellin fut un "immense défi", dû à la "complexité" des travaux, qui ont mobilisé jusqu'à 800 compagnons, tailleurs de pierres, ferronniers, maçons, charpentiers... pour restaurer notamment les 40.000 m2 de façades et 11.000 m2 de charpentes.

Et comme souvent à Lyon, le chantier a été retardé en 2012 et pendant deux ans par "neuf campagnes de fouilles archéologiques", qui ont mis au jour un cimetière juif du 18e siècle et de rares fresques romaines.

Il a fallu ensuite procéder à des opérations de "désamiantage" et de "curage" des bâtiments, pour enlever les cloisons, faux-plafonds et autres excroissances ajoutées depuis la fin du 19e siècle. En tout, 22.000 tonnes de gravats, soit un millier de semi-remorques, a détaillé Michel Cheneva, directeur d'Eiffage construction.

"On a fait en sorte que les Lyonnais comprennent l'histoire de l'Hôtel-Dieu, sa mutation et se réapproprient son avenir", assure Albert Constantin, soulignant à l'adresse des détracteurs du projet que les commerces ont de tout temps fait partie de "la tradition" des lieux.

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