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Prestations sociales: Darmanin se démarque de Le Maire

Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a assuré mercredi qu'il ne voulait pas "toucher" aux prestations sociales, dans un effort pour éteindre la polémique créée par son collègue Bruno Le Maire, donnant sa préférence à la réduction des aides aux entreprises.

"On a le droit d'avoir des sensibilités différentes (avec M. Le Maire)", a reconnu M. Darmanin sur BFM/RMC, tout en soulignant que le ministre de l'Economie n'avait "pas été maladroit" lorsqu'il a jugé dimanche légitime de réduire la politique sociale sur l'emploi.

Le ministre des Comptes publics a douté que le moment soit le bon pour réduire les prestations sociales, à "un moment où les Français voient la reprise économique, mais dont les difficultés sont grandes".

"Je pense qu'il ne faut pas toucher aux prestations sociales individuelles", a-t-il affirmé, sans écarter pour autant des changements dans ce domaine, qui pourraient se traduire par une baisse de la dépense publique.

"Je pense qu'il faut faire des réformes importantes dans le domaine social. Il y a évidemment des économies à faire dans le domaine social", a jugé le ministre, citant exemple la réforme de la prime d'activité, selon lui souvent utilisée par les entreprises comme prétexte pour ne pas augmenter les salaires.

Le cabinet de M. Le Maire a démenti de son côté "toute contradiction" entre les déclarations de Gérald Darmanin et celles de Bruno Le Maire, rappelant que le ministre de l'Economie n'avait pas parlé des "aides sociales personnalisées".

Interrogé dimanche lors de l'émission "Le Grand Rendez-vous" Europe 1-Les Echos-CNEWS, Bruno Le Maire avait évoqué une réduction des aides sociales à l'emploi dans l'objectif de baisser les déficits publics, s'il y a suffisamment de créations d'emplois dans le privé.

Le quotidien Le Monde avait révélé samedi l'existence d'un document de la direction du Budget, intitulé "Transformer les prestations sociales", qui estime que les aides sociales constituent "un poids croissant" pour les finances publiques, de l'ordre de 26% des dépenses.

- "Maquis considérable" -

M. Darmanin a évoqué une autre piste pour réduire la dépense publique: la diminution des aides aux entreprises, déjà annoncée par Bruno Le Maire dans le cadre de la loi Pacte.

"Je vais surtout essayer, en période de reprise économique, de réduire les aides aux entreprises", a affirmé le ministre, estimant leur montant total pour cette année à 140 milliards d'euros.

Selon lui, M. Le Maire, qui "travaille aujourd'hui sur une réforme des aides aux entreprises", "a proposé (de les réduire) pour à peu près 5 milliards d'euros". "C'est une concertation qu'on va avoir avec les entreprises", a-t-il ajouté.

Dans une interview au Point, Bruno Le Maire avait indiqué en janvier vouloir réexaminer l'efficacité de l'ensemble des aides publiques versées aux entreprises, afin de vérifier leur pertinence en ce qui concerne "la croissance" et "l'emploi".

"C'est un maquis considérable. Nul n'est capable de connaître, entre le +plan ceci+ ou le +plan cela+, leur montant et leur efficacité", avait déclaré le ministre, sans toutefois préciser le montant de la baisse envisagé.

Pour M. Darmanin, le moment est venu pour les entreprises de faire également un effort.

"A un moment où l'on baisse la fiscalité très fortement pour les entreprises - on a baissé l'impôt sur les sociétés, on a mis en place la flat tax, on a supprimé l'ISF - et à un moment où l'on a une croissance économique qui revient, des entreprises qui vont un peu mieux, et bien il faut accepter l'idée" d'une baisse des aides aux entreprises, a-t-il justifié.

Selon Bercy, la réduction de ces aides doit permettre de financer les mesures prévues dans le cadre de la future loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), portée par Bruno Le Maire.

Le texte de la loi Pacte, transmis au Conseil d'Etat, et attendu fin juin en Conseil des ministres, prévoit plusieurs mesures favorables aux salariés, comme la suppression du "forfait social" sur la participation dans les entreprises de moins de 250 personnes.

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