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Un quart des travailleurs disent avoir fait l'objet de stigmatisation

Près d'une personne sur 4 déclare avoir déjà fait l'objet de propos ou comportements stigmatisants au travail, qui se cumulent souvent à une dévalorisation professionnelle, selon une enquête publiée jeudi par le Défenseur des droits et l'Organisation internationale du travail (OIT).

Un quart des personnes ont répondu avoir fait "l'expérience de propos et comportements sexistes, homophobes, racistes, liés à la religion, au handicap ou l'état de santé" lors des cinq années ayant précédé cette enquête, réalisée en France en 2016 auprès de 3.551 personnes.

"Ces attitudes hostiles sont rapportées comme très fréquentes dans 5% des cas et peu fréquentes dans 20% des situations", selon ce "baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi".

Mais ces données moyennes masquent de fortes disparités selon les groupes de personnes interrogées, les femmes perçues comme non-blanches et celles en situation de handicap étant les plus exposées.

Ainsi, "les femmes de 18 à 44 ans perçues comme non-blanches sont plus d'une sur deux à rapporter de tels agissements", tout comme "43% des femmes en situation de handicap", "40% des hommes homosexuels ou bisexuels", "40% des hommes de 18 à 34 ans perçus comme non-blancs". A l'inverse cette situation touche (seulement) "11% des hommes de 35 à 44 ans perçus comme blancs".

Ces expériences vont souvent de pair avec des situations de dévalorisation du travail (rapportées par une personne sur deux), et de discrimination (rapportées par une personne sur trois).

- discriminations cumulées -

Ainsi, 86% des personnes rapportant un propos ou un comportement stigmatisant déclarent avoir expérimenté également une discrimination et/ou une forme de dévalorisation de son travail (attribution de tâches ingrates, sous-estimation des compétences professionnelles, etc...).

"Les discriminations frappent inégalement et en outre se cumulent", a résumé le Défenseur des droits Jacques Toubon jeudi lors d'une table ronde sur ce baromètre.

L'avocate en droit du travail Emmanuelle Boussard-Verrechia a témoigné que les salariés discriminés commençaient d'abord par évoquer la dévalorisation de leur travail avant la discrimination. "Les blagues sexistes et racistes sont moins supportées quand votre travail est dévalorisé", a-t-elle souligné.

Fort des remontées de l'inspection du travail, le directeur général du Travail, Yves Struillou, a dit "ne pas être surpris" par l'ampleur de ces chiffres, même si beaucoup de "ces comportements toxiques" passent "sous le radar". Les inspecteurs sont notamment saisis des cas d'apprentis "car ce sont des mineurs et leurs parents réagissent", a-t-il témoigné.

"Si les entreprises essayent de faire des efforts contre les discriminations lors des recrutements, il reste des angles morts dans la vie collective à l'intérieur des murs", a reconnu Bénédicte Ravache, secrétaire générale de l'association nationale des DRH.

Les auteurs de l'étude rappellent que les personnes subissant à la fois les trois attitudes (stigmatisation, discrimination, dévalorisation) ont la possibilité de saisir la justice ou le Défenseur des droits pour "harcèlement discriminatoire".

Cette qualification peut mettre l'employeur "en situation de devoir expliquer les procédures mises en place pour prévenir ces situations et les mesures prises pour les faire cesser lorsqu’elles se produisent", expliquent-ils.

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