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Brexit: le Labour veut une union douanière avec l'UE, May sous pression

Le chef de l'opposition travailliste britannique Jeremy Corbyn a plaidé lundi pour une "nouvelle union douanière" avec l'Union européenne après le Brexit, ce qui risque de forcer la cheffe du gouvernement conservateur Theresa May à changer de cap.

Cette dernière, qui doit préciser vendredi sa vision du partenariat avec l'UE après le Brexit, a jusqu'ici exclu de rester dans le marché unique et l'union douanière après la sortie du Royaume-Uni de l'UE le 29 mars 2019. Mais elle dispose d'une majorité très fragile au parlement.

Si les députés travaillistes soutiennent un amendement déposé par des députés rebelles conservateurs réclamant une union douanière avec l'UE, dans le cadre du projet de loi retrait de l'UE en cours d'examen au Parlement, elle devrait revoir ses plans.

"Le Parti travailliste cherchera à négocier une nouvelle union douanière complète entre le Royaume-Uni et l'Union européenne afin de garantir l'absence de droits de douane avec l'Europe et d'éviter toute nécessité d'une frontière rigide en Irlande du Nord", a déclaré M. Corbyn, leader du principal parti d'opposition du pays, lors d'un discours à Coventry (centre de l'Angleterre).

"Quand 44% de nos exportations vont vers les pays de l'UE et 50% de nos importations proviennent de l'UE, il est dans notre intérêt que ces échanges restent exempts de droits de douane", a-t-il souligné.

Il veut aussi continuer à participer à l'Euratom, régulateur européen du secteur de l'énergie nucléaire, ou à des programmes comme Erasmus (programme d'échange universitaire).

"Chaque pays géographiquement proche de l'UE sans être membre de l'UE - qu'il s'agisse de la Turquie, de la Suisse ou de la Norvège - entretient des relations étroites avec l'UE", a souligné M. Corbyn. "Le Royaume-Uni aura besoin de sa propre relation sur mesure".

Vingt mois après le référendum sur l'UE, "le pays est toujours dans le noir sur ce que ce gouvernement divisé veut du Brexit", a fustigé M. Corbyn, qui s'exprimait sur le sujet pour la première fois depuis des mois.

- 'Cynisme' -

"Le gouvernement ne rejoindra pas une union douanière. Nous voulons avoir la liberté de signer nos propres accords commerciaux et de tendre la main au monde", a réaffirmé lundi un porte-parole de l'exécutif.

Le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, fervent défenseur du Brexit, a aussi riposté en accusant Jeremy Corbyn "de trahir les électeurs qui ont voté pour sortir" de l'UE. "Tout ça parce qu'il veut gagner un vote à la chambre des Communes", a-t-il affirmé, accusant le responsable travailliste de "cynisme".

Sur le même ton, Sammy Wilson, un député du petit parti nord-irlandais DUP, sans qui Mme May n'aurait pas la majorité au parlement, a dénoncé une tentative "de renverser le gouvernement" dont les conséquences remettraient en cause le référendum du 23 juin 2016 en exposant à nouveau le Royaume-Uni aux "diktats de l'UE".

Jeremy Corbyn a dit "respecter" le résultat du vote, affirmant qu'il ne souhaitait pas de nouveau référendum pour revenir en arrière.

"Les gens ont voté pour quitter l'UE. Nous respectons cette décision. Mais ils n'ont pas voté pour perdre leur travail", a-t-il insisté sur la BBC.

Selon le référent du Parti travailliste pour le Brexit, Keir Starmer, l'union douanière version travailliste fonctionnerait comme l'union douanière actuelle.

Mais pour Boris Johnson, Jeremy Corbyn "se berce d'illusions" et son plan "ferait du Royaume-Uni une colonie de l'UE", quand bien même le leader travailliste affirme que cette union douanière ne se ferait pas sans la garantie "que le Royaume-Uni a(it) son mot à dire" dans les décisions prises par l'UE.

Les syndicats et le patronat britannique (CBI) ont au contraire accueilli avec satisfaction la proposition d'union douanière du chef du Labour.

Selon le CBI, "c'est une solution réaliste réclamée par des milliers d'entreprises de toutes tailles et dans tous les secteurs à travers le Royaume-Uni".

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