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Grèce: un an après l'incendie meurtrier de Mati, la tragédie continue de hanter ses habitants

Un an après l'incendie qui a ravagé le 23 juillet 2018 la station balnéaire grecque de Mati, à une quarantaine de kilomètres d’Athènes, la tragédie se lit encore sur les visages des habitants.

Dans ce lieu de villégiature prisé par la classe moyenne grecque, 102 personnes ont perdu la vie il y a un an. Les images de cadavres calcinés dans leurs voitures ou dans leurs maisons, des flammes qui déferlent vers les habitations et des mouvements de panique lors du drame continuent de hanter les esprits de tous.

"Nous pensons beaucoup à ce jour-là. Avant et après le 23 (juillet), le sentiment de tristesse prédomine", confie Maria, une habitante des environs, présente dimanche dans une des églises de Mati qui rendait hommage aux morts ayant péri dans des conditions horribles.

Avec émotion, les résidents et habitués de ce lieu de vacances, vêtus de noir, ont allumé des cierges et jeté des roses blanches à la mer qui, le 23 juillet 2018, a englouti plusieurs personnes essayant d'échapper aux flammes en plongeant dans l'eau.

"Nous avons grandi ici, nous y avons passés les étés de notre enfance. Ce lieu était associé à la joie et aux vacances, et il est désormais devenu synonyme de douleur", constate Emmie, qui cache ses larmes derrière ses lunettes de soleil.

Présent lors des cérémonies de dimanche, le ministre de la protection du citoyen, Michalis Chryssochoïdis, a assuré qu'"une telle tragédie ne se reproduira pas" et qu'il allait "travailler dur à cette fin".

"Un certain nombre de problèmes n'ont pas été résolus, allant des plans d'urbanisme aux questions de santé", a avoué le ministre tout en promettant de s'y atteler rapidement.

A Mati et dans les environs touchés par l'incendie, la végétation n'a pas encore repoussé - près de 120.000 arbres ont brûlé - et les maisons carbonisées ou endommagées n'ont pas été reconstruites.

- Poursuites pénales -

Les propriétaires des habitations détruites ont reçu jusqu'à 6.000 euros de compensation du gouvernement mais les permis pour reconstruire tardent à être délivrés.

Caritas Hellas a donné des aides de 1.500 euros à 110 ménages parmi les plus vulnérables, Médecins du Monde a organisé des consultations gratuites avec des psychologues pour 1.679 personnes victimes des incendies...

Mais, entre 70 et 80 personnes sont toujours hébergés dans un centre de l'armée et sont privés de leur logement principal, et la colère gronde chez les résidents de Mati qui accusent le gouvernement Tsipras d'avoir mal géré cette crise.

Le gouvernement avait à l'époque souligné qu'il avait été difficile d'organiser une évacuation ce jour-là avec des vents soufflant à près de 120 km/h. Mais il est aussi apparu que les mécanismes d'urgence n'avaient pas été mis en place assez rapidement, et que la police n'avait pas convenablement sécurisé la zone, faute d'avoir été alertée correctement par les pompiers de la taille et de la localisation exactes de l'incendie.

"Nous, les sinistrés de la catastrophe du 23 juillet 2018, un an après, nous rencontrons de sérieux problèmes. Nous allons avoir besoin de votre aide et de celle de votre gouvernement pour surmonter les obstacles et retrouver rapidement une vie normale", ont écrit les habitants de Mati dans une lettre adressée au nouveau Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis élu le 7 juillet.

En mars, le parquet d'Athènes a ouvert des poursuites pénales pour "incendie et homicide par négligence" à l'encontre de seize personnes, dont des élus locaux et des responsables des pompiers.

Parmi les élus poursuivis, figurent la préfète de la région Attique et les deux maires des villes touchées par l'incendie, Marathonas et Rafina. Le secrétaire général de la Protection civile et des responsables des pompiers et de la police portuaire sont également poursuivis ainsi qu'un homme de 65 ans, accusé d'avoir mis le feu sur le mont Pentéli voisin, d'où les flammes se sont propagées vers la station balnéaire de Mati en contrebas.

Mais le procès n'a toujours pas débuté laissant la population et les proches des victimes dans l'attente et le désespoir.

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