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Italie: "Sarriverderci" Chelsea, Sarri à la Juventus

Maurizio Sarri quitte déjà Chelsea et l'Angleterre, après un an seulement, et revient en Italie par la très grande porte, celle de la Juventus Turin, dont il a été nommé entraîneur dimanche.

Avec Chelsea, Sarri a remporté la Ligue Europa, le premier trophée de sa très atypique carrière, débutée au fin fond des divisions inférieures italiennes, sur les bancs de touche de minuscules clubs toscans dont il s'occupait en même temps qu'il poursuivait son activité de banquier pendant la semaine.

Il a aussi terminé 3e de la très relevée Premier League. Son bilan londonien est donc plutôt positif mais l'amalgame n'a jamais vraiment semblé se faire entre le club des beaux quartiers et le technicien au survêtement et à la cigarette.

Le "Sarriball", son jeu de possession et de combinaisons, difficile à assimiler en un an seulement, n'a été aperçu que par intermittences à Stamford Bridge, où les supporters ne l'ont jamais complètement adopté.

De son côté, l'ancien entraîneur de Naples avait signalé il y une dizaine de jours dans une interview à Vanity Fair combien l'Italie lui manquait. "Pour nous Italiens, l'appel de la maison est fort. On sent un manque. Ca a été une année difficile", avait-il expliqué.

- Rumeur Guardiola -

L'argument est repris dimanche dans le communiqué publié par Chelsea, dans lequel Marina Granovskaia, la directrice du club, évoque la demande du technicien "de retourner dans son pays natal", notamment "pour le bien-être de ses parents âgés".

Du côté turinois, l'attente a été longue, puisque la Juventus avait annoncé dès le 17 mai que Massimiliano Allegri ne serait plus son entraîneur la saison prochaine après cinq saisons de très grands succès en Italie (cinq scudetti et quatre Coupes) mais de relative frustration européenne avec deux finales perdues en Ligue des Champions.

Mais le suspense, lui, n'a pas été immense. Très vite, la piste Sarri a semblé la plus chaude, plus en tous cas que celles menant à Simone Inzaghi (Lazio) ou Mauricio Pochettino (Tottenham).

La rumeur d'une arrivée à Turin de Pep Guardiola a par ailleurs un temps fait grimper le cours de l'action de la Juve et excité les spécialistes locaux du mercato mais elle ne semblait pas reposer sur grand-chose.

Elle a aussi permis de rassurer ceux, nombreux, parmi les tifosi bianconeri qui n'étaient pas précisément emballés par la perspective de voir arriver dans leur club un technicien qui pendant ses années napolitaines a régulièrement pesté contre les avantages supposés (calendrier, arbitrage...) accordés à la Vieille Dame.

A Naples aussi, où il est révéré, on espérait impossible ce mariage entre Sarri et le club honni, l'attaquant Lorenzo Insigne parlant même il y a deux semaines de "trahison".

- "une autre histoire" -

Le profil de Sarri tranche en tous cas avec celui de son prédécesseur, Allegri ayant toujours très clairement fait passer le résultat avant le plaisir esthétique. Lors de sa conférence de presse de départ, il avait d'ailleurs résumé sa philosophie, sous forme de message à peine codé.

"Dans la vie, il y a des catégories et dans le foot aussi. Il y a ceux qui gagnent tout le temps, ceux qui ne gagnent jamais, ceux qui ne sont jamais relégués, les joueurs, les entraîneurs, les présidents. Mais bon sang, quand quelqu'un ne gagne jamais, c'est qu'il y a une raison ! Ceux qui gagnent sont meilleurs que les autres."

Sarri a finalement gagné, à Chelsea, et va désormais devoir montrer qu'il peut le faire aussi à la Juve. Mais, pour lui comme pour Allegri, l'horizon n'est plus en Italie mais en Europe, avec la Ligue des Champions en objectif absolu et Cristiano Ronaldo comme instrument.

Pour un excellent connaisseur du club turinois, la décision des dirigeants bianconeri est en tous cas logique.

"Celui qui fait toujours les mêmes choix atteint toujours les mêmes objectifs. La Juventus vise la C1 et a choisi d'essayer la voie de la discontinuité, en partant du principe que l'équipe est difficile à améliorer", a ainsi expliqué dimanche Gianluigi Buffon dans une interview au Corriere dello Sport.

"Sarri n'est ni une révolution, ni un pari. C'est une idée inédite, une autre histoire."

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