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Moldavie: la Cour constitutionnelle suspend une 2e fois les pouvoirs du président

La Cour constitutionnelle moldave a suspendu temporairement vendredi pour la deuxième fois en une semaine les pouvoirs du président Igor Dodon, qui a refusé de signer une loi interdisant de facto certains médias russes en Moldavie.

Partisan d'un rapprochement avec la Russie, Igor Dodon a mis plusieurs fois son veto à la signature d'une loi qui interdit dans le pays toute diffusion d'"émissions d'information, politiques et militaires de pays n'ayant pas signé la Convention européenne sur la télévision transfrontière".

Si cette loi, approuvée par le Parlement moldave et surnommée "loi sur la propagande russe", entre en vigueur, de nombreuses chaînes de télévision russe émettant en Moldavie pourraient être affectées et bannies du pays.

Estimant que le président "n'a le droit de mettre son veto qu'une seule fois" aux lois votées par le Parlement majoritairement pro-européen, la Cour constitutionnelle a suspendu vendredi temporairement les pouvoirs du président.

"Le président a refusé de remplir ses obligations constitutionnelles en toute connaissance de cause", a-t-elle justifié.

La Cour constitutionnelle avait déjà suspendu mardi une première fois les pouvoirs d'Igor Dodon, à la suite de son refus répété d'accepter la nomination de cinq ministres et deux vice-ministres proposée par son Premier ministre pro-européen Pavel Filip.

Au total, il s'agit de la troisième suspension des pouvoirs présidentiels en trois mois dans ce pays au régime parlementaire.

La loi sur les médias "empiète sur la liberté des citoyens moldaves à être informés" et représente "une censure à deux poids, deux mesures", a dénoncé sur Facebook Igor Dodon, promettant de "ne pas céder au gouvernement".

"Ce que fait la Cour constitutionnelle ne sera pas sans conséquence", a-t-il ajouté, appelant "les citoyens à unir leurs forces patriotes contre le régime autoritaire" lors des élections parlementaires prévues en novembre 2018.

Ex-république soviétique au régime parlementaire, la Moldavie est partagée entre partisans d'un rapprochement avec Moscou, qui ont porté à la présidence en novembre 2016 Igor Dodon, et ceux d'une intégration à l'Union européenne, parmi lesquels figurent des membres du gouvernement actuel.

Cette confrontation politique "se joue sur le plan intérieur et extérieur: chaque camp cherche à prouver à son électorat qu'il défend ses intérêts, tandis que sur le plan extérieur, il essaie de remporter le soutien de ses partenaires, la Russie ou l'Europe, en vue des élections", explique à l'AFP le politologue moldave Victor Ciobanu.

"Ni le peuple, ni l'Etat moldave n'y gagnera", regrette-t-il.

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