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Naufrages de migrants dans la Manche: les ministres européens se sont réunis à Calais

Quatre jours après le pire drame migratoire survenu dans la Manche, une réunion européenne s'est tenue ce dimanche à Calais pour renforcer la lutte "contre les réseaux de passeurs". Initialement invités, les Britanniques ont finalement été exclus par la France. La rencontre a réuni les ministres en charge de l'immigration allemand, néerlandais, belge, français, ainsi que la Commissaire européenne aux Affaires intérieures et les directeurs des agences européennes de police criminelle Europol et des frontières Frontex.

L'agence européenne Frontex va déployer à partir de mercredi un avion pour aider à lutter contre le trafic migratoire en Manche, a annoncé dimanche le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à l'issue de la réunion. Cet appareil va "survoler jour et nuit" la zone, de la France aux Pays-Bas, a précisé M. Darmanin, réaffirmant aussi la volonté de la France de "travailler" avec "ses amis britanniques", pour mieux tarir cette voie migratoire, mais sur "un pied d'égalité".

Dans une déclaration commune, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et la France ont convenu de "renforcer leur coopération opérationnelle" contre les trafics mais aussi "d'améliorer la coopération conjointe avec le Royaume-Uni".

Gérald Darmanin avait désinvité son homologue britannique, Priti Patel, en riposte à une lettre publiée jeudi soir sur Twitter par Boris Johnson, demandant à Paris de reprendre les migrants arrivant de France en Grande-Bretagne. "Nous devons travailler avec nos amis britanniques et leur dire un certain nombre de choses: d'abord nous aider collectivement à mieux lutter contre les passeurs, des renseignements nous manquent, des réponses ne sont pas toujours au rendez-vous des demandes de la police française par exemple", a ajouté M. Darmanin.

  

Après la rencontre, notre équipe a interrogé Sammy Mahdi, le secrétaire d’État belge à l’Asile et la Migration. "Il a été décidé premièrement de renforcer la collaboration entre nos pays au niveau de la police et de la justice. Il a été décidé aussi qu'il faut quand même pouvoir amener un pacte de migration européenne. Parce que bien sûr les transmigrants viennent de la Belgique ou de la France, mais ils viennent de plus loin. Donc il faut renforcer le screening (ndlr: le tri) aux frontières extérieures. Et puis on a une frontière qui est nouvelle. On connaissait déjà la frontière au niveau de la Méditerranée où Frontex est présent. Mais depuis le Brexit, on a une autre frontière au nord, et là on a besoin d'un renforcement de Frontex. C'est la question qui a été posée aujourd'hui", a-t-il précisé. "On a besoin aussi d'un renforcement physique de Frontex, comme c'est déjà le cas à la Méditerranée".

Par exemple en Allemagne, ces réseaux criminels vont souvent faire leurs achats de bateaux et autres

Voilà donc pour les grandes volontés politiques et les idées, mais qu'est-ce que cela représente concrètement sur le terrain? "Il faut pouvoir davantage échanger des informations. Pas seulement sur les transmigrants et les criminels qui sont derrière, mais par exemple en Allemagne, ces réseaux criminels vont souvent faire leurs achats de bateaux et autres et finissent en France. Là-dedans il faut pouvoir mener à une information échangée entre nos pays, mais aussi entre Europol et Frontex. C'est ce sur quoi on s'est mis d'accord aujourd'hui" a expliqué le secrétaire d’État.

Est-ce que cela signifie qu'il n'y avait pas de collaboration auparavant? "Ce n'était pas encore assez le cas du tout. Il y avait bien sûr des informations qui étaient échangées, mais pas assez avec Frontex, qui par exemple a des caméras qui contrôle certains flux de migration irréguliers", a répondu Sammy Mahdi.

"Lutter contre l'attractivité anglaise"

Enfin, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration a pointé le besoin de mener d'autres réunions avec les autorités britanniques. "Parce qu'il faut savoir pourquoi au final les gens veulent finir en Grande-Bretagne? Je pense que ce n'est pas pour la bonne nourriture en Grande-Bretagne, mais c'est parce qu'il est trop facile de vivre en Grande-Bretagne. On n'a pas besoin d'avoir des documents d'identité. On peut travailler facilement sans documents d'identité. Donc beaucoup de gens se disent que c'est ça l'eldorado pour chaque migrant irrégulier. Là il y a une discussion à avoir avec la Grande-Bretagne pour avoir un autre modèle qui ne mène pas à une migration irrégulière", a commenté Sammy Mahdi.

Le ministre français de l'Intérieur a tenu un discours similaire. Il faut aussi "lutter contre l'attractivité anglaise" auprès des migrants, avec notamment "un marché du travail qui fait que sans pièce d'identité vous pouvez travailler", a-t-il ajouté, relevant aussi qu"il n'y a plus de voie légale pour demander l'asile en Angleterre".

Côté allemand, Stephan Mayer, le secrétaire d'État parlementaire au Ministère fédéral de l'Intérieur, a jugé "urgent" l'adoption d'"un accord entre l'Union européenne et la Grande-Bretagne" concernant les migrations, plaidant pour un "accord post-Dublin entre l'Union européenne et la Grande-Bretagne".

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