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Nicos Anastasiades, un pragmatique pro-Européen à la tête de Chypre

Réélu dimanche président de la République de Chypre, Nicos Anastasiades est parvenu à éviter la faillite à son pays en négociant un plan d'aide international mais a échoué jusqu'ici à réunifier l'île méditerranéenne.

M. Anastasiades, 71 ans, a obtenu 55,99% des suffrages contre 44% pour M. Malas, un candidat soutenu par le parti communiste auquel il s'était déjà opposé lors de la précédente présidentielle en 2013.

Au cours de sa longue carrière, cet élégant avocat s'est taillé une réputation d'homme pragmatique, n'hésitant pas à monter au créneau pour arracher un plan de sauvetage inédit auprès de bailleurs de fonds internationaux, au moment où l'île était au bord de la faillite.

Avec pour slogan "Avancer dans la stabilité", ce pro-Européen a fait campagne en mettant en avant sa longue expérience politique, et en se posant en garant de la stabilité de son pays, membre de l'Union européenne et de la zone euro.

Député sans interruption entre 1981 et 2013, il a pris la tête de son parti, Disy, en 1997 --il en est un des fondateurs-- y faisant taire les voix dissidentes et écartant rapidement les jeunes prétendants à sa succession. Au fil des ans, il a fait du parti une force politique majeure.

Son expérience parlementaire, notamment en tant que chef de la commission des Affaires étrangères, lui a également permis de se forger un vaste réseau de contacts avec des dirigeants étrangers.

- Redressement de l'économie -

Arrivé en 2013 à la tête d'un pays plombé par la crise grecque en 2013, M. Anastasiades a immédiatement négocié un plan de sauvetage de 10 milliards d'euros auprès de la troïka des bailleurs de fonds (Fonds monétaire international, Union européenne et Banque centrale européenne), en échange d'une cure d'austérité.

Ces mesures ont fini par porter leurs fruits: cinq ans plus tard, l'économie a connu un net redressement, aidée tout particulièrement par le boom du secteur touristique.

"Anastasiades, malgré ses défauts et son populisme à l'ancienne, a eu un mandat réussi. Lorsqu'il a été élu, il a hérité d'un Etat en faillite, d'un système bancaire sur le point de s'écrouler et d'une économie en profonde récession", note dans un éditorial le Cyprus Mail, le quotidien anglophone de l'île.

"Il a négocié un programme d'aide (...) et appliqué une série de mesures impopulaires. Cinq ans après, il y a eu un incroyable redressement de l'économie, avec un budget équilibré, un taux de croissance impressionnant proche de 4% (...) et un chômage en baisse", ajoute-t-il.

Fort de ce succès, le président sortant a défendu son bilan et fait campagne en insistant sur la poursuite des réformes, avec un programme faisant la part belle aux entreprises.

Sur le front diplomatique, M. Anastasiades a relancé les pourparlers avec le dirigeant de la République turque de Chypre du nord (RTCN, reconnue uniquement par Ankara), Mustafa Akinci.

Mais l'échec des pourparlers sous l'égide de l'égide de l'ONU a douché les espoirs --pourtant nombreux-- des pro-réunification.

Longtemps considéré comme un ardent défenseur de la réunification, il a même été accusé d'avoir freiné le processus en 2017 par crainte de perdre son électorat conservateur, qui n'est pas prêt à faire de concessions aux Chypriotes-turcs.

Il a promis de relancer les négociations, une tâche très délicate car il doit parvenir à des compromis avec la partie adverse sur des points majeurs, comme la présence de l'armée turque dans le nord de l'île.

Né en 1946 dans le village de Pera Pedi (sud-ouest), M. Anastasiades est marié et père de deux filles. Il a étudié le droit à Athènes et obtenu son diplôme en droit du transport maritime en 1971 à Londres.

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